Style
Le rock psychédélique nait aux États-Unis, au milieu des années 1960, alors que le pays est retourné par la contre-culture de la beat generation et le mouvement hippie. De nombreux jeunes en rupture de système, cherchent à s’affranchir des normes traditionnelles et des conventions sociales, répandant leur propre vision libérée du monde. Influencé par la scène folk, ce rock naît de l’influence des psychotropes, substances chimiques particulièrement prisées et efficaces pour appréhender le monde différemment. Les musiciens s’emploient à en retranscrire les effets planants en musique, au moyen de rythmes répétitifs et hypnotiques et de longs solos. Les effets sonores que produisent des instruments nouveaux tels la pédale wah-wah1, le phaser2, le delay3, ou la réverbération4 sont abondamment employés sur les guitares accompagnées d’une batterie, d’une basse, et parfois d’un synthétiseur ou d’un orgue, donnant ainsi aux compositions leur aspect “psychédélique”. Les morceaux souvent complexes sont prenants, et invitent l’auditeur à se laisser porter par les effets cathartiques de cette musique, agissant comme une transe. L’effet est décuplé sur scène par l’utilisation de “light-show”, un jeu d’éclairage onirique rendu possible par les innovations technologiques, garantisant un spectacle total.
La première mention faite de l’appellation « rock psychédélique » dans la presse remonte au 10 février 1966, dans un article du journal Austin Statesman au sujet du groupe 13th Floor Elevator. Ces Texans ont été les premiers à qualifier leur musique de « rock psychédélique » et à inclure le terme « psychédélique » dans un titre d’album avec The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators (1966). D’abord caractéristique de la côte Ouest des États-Unis, et particulièrement de San Francisco, avec des groupes comme Grateful Dead, Country Joe and the Fish, Quicksilver Messenger Service ou encore Jefferson Airplane, les sonorités du rock psychédélique se répandent dans tout le pays, et convertissent des groupes comme The Doors, dont le single « Light My Fire » (1967) demeure un modèle du genre.
Mais la mode court aussi en Grande Bretagne où les Beatles, après leur tournée américaine pendant laquelle ils se sont mesurés à diverses drogues, poursuivent leurs expérimentations avec les sonorités psychédéliques dès 1965, sur des titres comme Tomorrow Never Knows (1966), notamment par l’usage du sitar, instrument apprécié de ce genre ou Lucy In The Sky With Diamonds (1968). Les formations anglaises Pink Floyd, Creation ou encore The Jimi Hendrix Experience apportent à leur tour au pays sa dose psychédélique, alors que d’autres groupes se laissent influencer, comme The Who ou The Rolling Stones. A son apogée, le rock psychédélique rassemble des milliers d’adeptes venus porter un message de liberté lors d’évènements marquants tels que le Monterey Pop Festival (1967) puis le Woodstock Festival (1969), qu’aujourd’hui encore on imagine en se disant combien on aurait voulu en être !
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