Morceau
Au faîte de sa gloire, The Clash publie en 1982 le bien nommé Combat Rock, moins cohérent que ses prédécesseurs mais parsemé de titres glorieux, dont ce fameux “Rock the Casbah”.
C’est un des titres les plus connus du groupe, en tête dans les hit-parades, vite devenu classique de discothèque. Il a été composé par le batteur du groupe, Topper Headon.
C’est un morceau dansant, groovy, dans lequel on parle de faire la fête avec une grosse dose d’humour nourrie du contexte politique auquel le groupe a toujours été attentif.
Le contexte, c’est l’épouvantable guerre que se livrent Iran et Irak, survenue trois ans après la révolution iranienne de 1979 qui voit succéder à la terrible dictature du Shah celle non moins violente de la République Islamique, le gouvernement des Mollah, qui bannit la musique, surtout si elle est occidentale.
Familier du festival de Notting Hill, ce quartier multiculturel de Londres, le groupe n’a aucun mal à composer un titre au parfum orientalisant et à braver les interdits. Dans “Rock the Casbah”, un roi n’a interdit le rock, cette musique impie et dégénérée. Mais des bédouins passant par-là sortent une batterie, rejoints par un guitariste. Le roi parti ils improvisent un concert de rock dans l’espace public. Une foule se rassemble et danse. En colère, le roi ordonne à ses pilotes de chasse de bombarder la fête. Montés dans leurs avions, dès le cockpit fermé, ils mettent la radio pour écouter eux aussi du rock au lieu d’obéir aux ordres. Le refrain fait référence à une casbah : en arabe, une forteresse abritant des notables ; et peut être compris de deux manières : jouer du rock dans la casbah ou faire bouger, secouer, la forteresse et ses idées. Le vocabulaire employé est du reste très évocateur, qui mêle des mots arabes et hébreux.
Initialement reçu comme un titre célébrant la fête et comme un appel à la fraternité entre les peuples, il a néanmoins été victime de récupération politique. En effet, lors de la Guerre du Golf en 1991, des soldats US écrivent “rock the casbah” sur des bombes avant de les larguer en Irak. Le titre sera même l’hymne choisi par l’US Army lors de l’opération Tempête du désert pour motiver les troupes (Les Inrockuptibles, 2015). Mais, ironie du sort, il sera censuré quelques temps aux États-Unis après le 11 septembre, jugé trop subversif.
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