Sabah

Avant de devenir Sabah, Jeannette Georges Feghali, née en 1927 dans le village de Bdadoun fut une enfant des montagnes libanaises. Issue d’une famille modeste, de confession chrétienne maronite, Jeannette est très rapidement attirée par la scène, qu’elle découvre dès les années 40. Chanteuse extrêmement populaire, sa vie beyrouthine et le monde du cinéma ne l’éloignent pas de ses origines rurales. Icône du Mawal (improvisation vocale typique de la musique classique arabe), grâce à sa capacité à tenir une note pendant plus d’une minute, la chanteuse côtoie des compositeurs aux styles bien différents, de Mohamed Abd el Wahab, aux frères Rahbani ou Philemon Wehbe.
Loin de la technique d’Oum Kalthoum ou de la solennité de Fairuz, la rayonnante Sabah développe un style unique, tissant un lien, du fait de sa longue carrière, entre les premières divas de la musique enregistrée et les superstars contemporaines. Pétulante et pleine de joie, Sabah défend, sans forcément la revendiquer, une certaine conception de la liberté. Ses prestations exubérantes et ses choix de vie sans concession sont un pied de nez au conformisme et un symbole d’émancipation pour de nombreuses générations.
En 70 ans de carrière et avec plus de trois milles chansons et une centaine de films, Sabah illuminera jusqu’à la fin de sa vie salles de concert, de cinéma et plateaux télévisés. A sa demande, ses funérailles en 2014, sont une fête. Des milliers de Libanais y danseront la « dakbeh » (danse foklorique du Proche-Orient) et célèbreront celle qui partagea constamment la joie et l’allégresse avec son public.