Style
Il y a dans l’esthétique du rock ce côté rebelle, provocant, qui se plait à être radicalement hors des normes. Puis il y a le shock rock, ou choquer le public est un objectif assumé et où ce petit jeu est poussé à l’extrême.
Le shock rock est un courant apparu dans les années 60, bien vivace jusque dans les années 90, avant de se mettre en retrait. Il ne décrit pas tant un style de musique - bien qu’il soit lié à des musiques rock et metal - qu’une esthétique, une performance. On parle de shock rock pour qualifier une interprétation musicale, en live ou en clips.
Il se matérialise d’abord dans les concerts du chanteur afro-américain Screamin Jay Hawkins, premier à introduire dans sa musique des images horrifiques. Il est ensuite repris et poussé encore plus loin par Alice Cooper ou encore Marilyn Manson. Ces artistes en reprennent donc les codes : sang, monstres, magie noire, mais aussi d’autres formes de cauchemars bien ancrés dans le réel avec la mise en scène d’actes de torture ou de la peine de mort. Ils jouent aussi sur l’hypersexualisation, mais pas de la manière dont elle peut être mise en scène par nos artistes contemporains. La sexualité montrée dans le shock rock est dérangeante, lubrique, perverse, immorale. Parmi les actes mis en scène : des pendaisons, guillotines, chaises électriques, strip-tease, nu intégral mais aussi l’interprétation d’actes sexuels en direct et la “ promotion “ de la nécrophilie et de la zoophilie. Oui, le shock rock joue avec les limites de la morale et questionne sur ce qu’on peut ou non montrer sur scène. Marilyn Manson par exemple est certainement un de ces artistes qui a poussé le curseur le plus loin entre volonté esthétique de choquer et flirt avec des idées dangereuses (port d’armes à feu, symboles nazis).
Il y a sûrement dans le shock rock quelque chose de l’ordre de la catharsis, une version plus moderne de ce concept antique qui raconte que le théâtre sert à purger les âmes des perversions. Plusieurs groupes très connus se sont emparés de ces codes, mais dans une dimension plus acceptable. Le très lucratif groupe Kiss joue ainsi avec un univers inquiétant fait de maquillage en noir et blanc, de cuir et de faux sang. Des artistes comme Jimi Hendrix ou The Who s’adonnent à des accès de rage en cassant des guitares, tandis qu’Iggy Pop s’invente un personnage malsain et violent se jetant dans les foules. Des groupes comme Rammstein, Black Sabbath ou les Sex Pistols ont aussi repris les codes du shock rock aux cours de concerts mémorables.
Aujourd’hui, le shock rock ne fait plus recette et reste une esthétique underground. Le public d’aujourd’hui a-t-il trouvé plus repoussant ou est-il tout simplement moins friand de ce genre de mise en scène ?
Dans les années 70, il était facile de choquer le public (…) Aujourd'hui, personne n'essaie vraiment de choquer le public. Je ne pense pas que qui que ce soit fasse encore du 'shock rock'.Alice Cooper, interview sur la radio KLPX, août 2024
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