Morceau
Dans l’Angleterre de 1984, la tolérance et l’ouverture des mœurs ne sont pas totalement au goût du jour. Bien sûr, les boîtes de nuit gay existent, et l’homosexualité est de moins en moins taboue, mais sous le gouvernement de Margaret Thatcher, on tabasse toujours des gays. Le sida décime la communauté en faisant peser sur les homosexuels, double peine, la marque de l’infamie.
Le trio synthpop Bronski Beat est las d’entendre des artistes gays tièdes produire des titres inoffensifs ou essayant de donner le change. Jimmy Somerville, le co-fondateur du groupe, n’est pas de cette trempe. Il est gay et l’assume sans détour. Militant, le chanteur à la voix de diva décide de prendre la plume pour écrire « Smalltown Boy » inclus dans l’album The Age of Consent. Ce morceau largement autobiographique est emprunt d’une rage contenue.
« Smalltown Boy », c’est l’histoire d’un jeune homosexuel, confronté aux préjugés et au rejet de sa petite ville de province. Posée sur de puissants synthés, la voix de haute-contre de Jimmy Somerville qui monte tout droit dans la stratosphère nous fend l’âme en deux. Dans le clip, le chanteur se lie d’amitié avec deux garçons, qui se trouvent être ses deux acolytes de Bronski Beat, Larry et Steve. Il repère, au bord d’une piscine, un garçon qui lui plaît, qui semble l’apprécier en retour, mais qui finalement l’agresse avec sa bande de loubards homophobes. Jimmy, bien amoché, est ramené par la police dans sa famille, qui à son tour le rejette. Il décide alors de prendre son baluchon et de quitter sa ville natale pour la capitale, dans l’espoir d’une vie meilleure, plus libre, et d’un monde plus accueillant.
Bronski Beat marquera la pop anglaise avec ce tube 100% gay (une première !) empreint de réalisme social. Pas étonnant que le groupe soit solidaire du mouvement de grève des mineurs qui explose à la même époque. Homos et mineurs, même combat sous Thatcher. Bronski Beat jouera « Smalltown Boy » au Pits & Perverts (« des puits de mine et des pervers » en français), concert de soutien organisé par l’association Lesbians & Gays Supports The Miners à Londres en décembre 1984.
Ce morceau a connu une seconde jeunesse en 2017 grâce au remix signée d’Arnaud Rebotini figurant dans 120 battements par minute de Robin Campillo. Le film couronné au Festival de Cannes retrace l’histoire d’Act-Up Paris, dont Jimi Somerville fut l’un des membres.
En laissant parler sa colère, le groupe a signé un des plus grands hits pop queer, qui, encore aujourd’hui, pulse dans de nombreux cœurs à travers le monde.
To your soul To your soul Cry Cry Cry You leave in the morning with everything you own in a little black case Alone on a platform, the wind and the rain on a sad and lonely face Mother…
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