Suka bilgorajska

Le suka est un instrument de musique à cordes de la famille des vièles, d’origine polonaise, qui remonte au XVIème siècle. Il ressemble à un violon dans sa forme, mais est beaucoup plus large au niveau du manche. Sculpté d’un bloc dans du bois de cerisier, le suka a la dimension d’un alto, et généralement sept cordes. Surtout, il ne se joue pas de la même façon : il est tenu verticalement sur les genoux, ou accroché à une lanière, les ongles le long des cordes. Cette façon de jouer est similaire à celle utilisée pour le gadulka, un instrument bulgare, ou d’autres instruments asiatiques. Le suka est l’entre-deux entre les instruments à cordes se jouant sur les genoux et le violon.

Il appartient à la culture populaire et folklorique polonaise, en accompagnement des chanteurs, avec des tambours. Il est d’ailleurs désigné par le terme « fiddle » en anglais, mot qui désigne les instruments à cordes frottées des musiques populaires, par opposition au « violin » classique.

S’il a définitivement disparu pendant plusieurs siècles, il a pu être reconstruit sur schéma, grâce à des dessins réalisés par Wojciech Gerson lors de l’exposition du dernier spécimen, en 1888. C’est dans les années 1990 que des musiciens ont eu le souhait de faire revivre cet instrument. La musicienne Maria Pomianowska, experte d’instruments asiatiques, tente, par des cours et ateliers, de redonner au suka ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, elle poursuit ce travail, avec d’autres artistes : le groupe Arcus Poloniae par exemple, ou bien Sylwia Swiatkowska du groupe Warsaw Village Band.

Comme un phénix, le suka a su renaître de ses cendres. Preuve que les traditions ne meurent jamais vraiment.