Tonton David

À la toute fin des années 1980, David Grammont, alias Tonton David, s’apprête à sortir de l’ombre et à faire déferler sur la France la vague reggae et ragga dancehall. Mais remontons un peu le temps. Celui qui deviendra le parrain de la scène reggae francophone est né en 1967 à La Réunion, fils de Ray Grammont, musicien et joueur de séga respecté. Le jeune David grandit à Champigny-sur-Marne en région parisienne. Il découvre la soul et le raggamuffin à vingt ans, lors d’un voyage à Londres. C’est une révélation !
Devenu musicien, il évolue aux côtés d’une nouvelle génération d’artistes bien décidés à implanter les esthétiques musicales de la Jamaïque en France. Comme Nuttea, Pierpoljak ou Princess Erika, Tonton David fait du reggae à la française et en français. Son premier album Le Blues des racailles sort en 1991 et c’est le smash ! Ses textes ciselés et généreux font mouche ; sa musique est précise. Le morceau « Peuples du monde » est un tube qui sera même malicieusement cité par les Inconnus, célèbres humoristes de l’époque, dans un de leurs sketchs.
Tonton David s’offre le luxe de s’entourer de musiciens de renom comme Tyrone Downie, le claviériste de Bob Marley. Ses albums suivants, Allez leur dire (1994) et Récidiviste (1995), sont aussi des succès. En 2005, il signe un retour avec le disque qui sera son dernier, Babelou, mais ce grand professionnel n’a pas arrêté de faire de la musique, loin de là. Il travaille désormais dans l’ombre et produit, en Moselle, bien loin des projecteurs.
Sa mort brutale en 2021, alors qu’il n’a que 53 ans, a profondément marqué la scène reggae et toute une génération qui ne se lasse pas de fredonner « Chacun sa route », son plus grand tube.