Morceau
18 mars 1967, catastrophe au large des côtes britanniques : le pétrolier Torrey Canyon fait naufrage et déverse 120 000 tonnes de pétrole dans la Manche. C’est la première fois qu’une marée noire d’une telle ampleur se produit, et surtout, c’est la première à être médiatisée dans le monde entier. La gestion calamiteuse de la situation par les différentes nations impliquées fait grand bruit et n’échappe pas aux oreilles et à la plume provocatrice de Serge Gainsbourg.
Avec un flegme à toute épreuve, il retrace dans son morceau sobrement intitulé “Torrey Canyon” le parcours de ce désastre politique et écologique, et pointe du doigt les dangers des pavillons de complaisance, ces aubaines économiques pour les compagnies navales, mais véritables casse-têtes internationaux. Entre des chœurs chantés à l’américaine, Serge Gainsbourg personnifie le tanker, qui n’est en réalité que le fruit de stratégies financières mondialisées et polluantes, et nous fait comprendre à sa manière que l’économie ne tourne pas rond. En effet, avec un navire américain, construit au Japon, immatriculé au Liberia et transportant du pétrole britannique, difficile de s’y retrouver.
Avec “Torrey Canyon”, Serge Gainsbourg applique avant l’heure et en chanson la technique du name and shame, c’est-à-dire d’exposer au grand public les mauvaises pratiques d’entreprises en donnant leur nom et en leur faisant honte. Sans pitié, mais terriblement efficace.
Je suis né Dans les chantiers japonais En vérité, j'appartiens Aux Américains Une filiale D'une compagnie navale Dont j'ai oublié l'adresse À Los Angeles Cent vingt mille tonnes de pétrole…
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