Un flingue et des roses

Comme un Cactus en Sibérie, l’album dont il est extrait, “Un flingue et des roses” est un texte tout en ambivalence. De cet oxymore, Oxmo Puccino et Kool Shen narrent leurs vies de rappeurs écartelés entre l’arme et la fleur. Sur une prod plutôt classique, il énoncent leur vécu où la plus belle des bienfaisances a toujours côtoyé les coups bas et coups de feu. Les rimes s’écoulent sur une grosse caisse irrégulière, des 808, des charlets et caisses claires avec un court piano samplé. Le duo qui rêvait de pacifisme déplore les violences nécessaires qu’ils ont connu par le passé. Ox’ en vient même à parler de violence pour “rester en vie”. Ultime paradoxe.

Le texte est loin d’être univoque, tout en métaphore, c’est ce qui le rend difficile à interpréter. Les métaphores sont d’ailleurs ce qui a fait le succès de Oxmo Puccino, anobli par les critiques qui l’identifient à la chanson autant qu’au rap. Kool Shen, lui est confondateur du groupe NTM, assurément au panthéon de la musique populaire française. Les deux complices, tout en sagesse et en subtilité, y parlent de la sympathie amenée par opportunisme, du meurtre par amour, des rimes douces sur ton âpre, de la trahison entre vrais amis, et des déclarations de paix l’arme à la ceinture.

Notre duo de poètes tenterait donc de nous dire que le monde est un dangereux équilibre, aussi complexe que l’esprit humain, cette créature capable du meilleur, mais surtout du pire ? On ne peut que vous inviter à en faire votre propre lecture. Une chose est sûre : « Un flingue et des roses » est un morceau intime qui interpelle, à l’image de l’œuvre sensible d’Oxmo Puccino.