Vielle à roue

La vielle à roue est un instrument à cordes au nom quelque peu disgracieux dont les notes convoquent immédiatement des images de chevaliers, de châteaux et de troubadours. Si les premières traces de la vielle datent bien de l’ère médiévale, elle a néanmoins traversé le millénaire pour être encore jouée aujourd’hui, même si sa forme a quelque peu changé. Jouer de ce type de vielle demande au musicien de frotter les cordes de son instrument contre une roue qu’il tourne grâce à une manivelle. Sur le corps de l’instrument se trouve également un clavier qui permet de faire résonner les cordes à différentes hauteurs. Le tout donne un timbre parfois discordant mais le son continu des bourdons et le rythme peuvent s’avérer très entraînants : le vielleur ou la veilleuse donne en effet des coups de poignets sur le corps de l’instrument et marque ainsi la cadence. Connue en France dès le Xème siècle, elle a parcouru l’Europe où ses sonorités riches ont accompagné tour à tour musiques d’église, de campagnes et de cour. Sa version la plus ancienne n’est autre que l’organistrum, instrument qui se jouait à deux : un vielleur tournait la roue pendant que l’autre musicien pinçait les cordes.

À la fin de l’époque médiévale, la vielle simple est surtout l’apanage des plus démunis : mendiants et troubadours moulinent à chaque coin de rue, dans l’espoir d’attirer le promeneur et de gagner quelques lires. On la retrouve aussi lors de fêtes villageoises pour accompagner les danses en ronde. Puis est venu le temps béni, non pas des cerises mais de la vielle à roue : elle séduit les aristocrates qui y voient une version contemporaine de la lyre d’Apollon. Ressemblance divine oblige à s’arracher les vielles des mains mais aussi à en transformer les matériaux. Les artisans s’inspirent alors du luth ou de la guitare pour les fabriquer et ceci jusqu’à la fin du XXe siècle.

Un renouveau de l’instrument prendra place dans les années 70 avec la redécouverte des musiques folkloriques. Depuis, l’instrument est en constante évolution : transformation de la lutherie, reprise d’un répertoire modal médiéval, invention ou adaptation de nouveaux répertoires issus de la musique contemporaine ; tout ceci donne naissance à des ensembles de vielles à roue qui créent ou ont créé des univers sonores renouvelés. Un exemple ? Le Viellistic Orchestra, un ensemble de vielles à roue qui depuis 40 ans, montre toutes les facettes de cet instrument parfois psychédélique mais toujours très surprenant ! Et enfin, last but not least feront leur apparition les vielles électro-acoustiques…mais ça, c’est une autre paire de manches.