Vogue

Issu de l’album I’m Breathless sorti en 1990, « Vogue » est un tube glamour qui déboule dans un monde en pleine révolution. Le mur de Berlin s’est effondré, c’est la fin de la guerre froide. Le bloc de l’Ouest a gagné, mais le monde n’a pas gagné en stabilité. Les repères sont brouillés ! Le chômage monte un peu partout en Occident malgré la « mondialisation ». Le business de la musique se fait plus clinquant. Il faut faire de l’argent, passer à la télé, vendre des cargaisons de CD et tous les moyens sont bons. Enfin, un virus apparut en 1983 fait toujours des ravages. On le connaît mal et on en a peur : c’est le sida. Avec lui, le sexe est devenu synonyme de mort.
La sexy et provocatrice Madonna, qui domine la pop au tournant des années 80 et 90, s’inspire pour « Vogue » d’une danse pratiquée dans les milieux gays de la nuit new-yorkaise depuis les années 1970, le voguing, elle-même inspirée des poses des mannequins dans le célèbre magazine de mode du même nom.
Dans un clip réalisé par le cinéaste David Fincher, Madonna enchaîne les looks osés pour se mettre dans la peau de diverses icônes hollywoodiennes et star des magazines, comme Marylin Monroe. Lorsqu’elle interprète « Vogue » aux MTV Awards la même année, la mise en scène sera tout autre. Madonna troque ici le soutien-gorge en cône contre une robe et une perruque dignes de Marie-Antoinette, une autre icône scandaleuse. En effet, la dernière reine de France était réputée pour son goût du luxe, de la mode et pour sa frivolité.
Dans un écrin léché, entourée d’images sur papier glacée et de corps parfaits, Madonna envoie avec « Vogue » un message différent : noir ou blanc, garçon ou fille, si la musique pulse, elle vous donnera une nouvelle vie. « Vogue » est une chanson pour tous les corps et toutes les beautés, et surtout un appel à danser sans avoir peur des préjugés.