We Shall Overcome

Peu de chansons sont autant partagées et chantées avec tant de ferveur : We shall overcome (Nous triompherons) est la grande chanson du Mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis, l’hymne derrière lequel des génération d’hommes et de femmes se sont rassemblés au-delà de la couleur de leur peau pour chanter la liberté. Sans doute issue d’un cantique, elle est née au début du siècle, de la plume de Charles Albert Tindley, un pasteur afro-américain parmi les fondateurs du gospel, cette musique dont vibrent les temples protestants. On la retrouve en 1945, chant adopté par des syndicalistes du tabac de Charleston (Caroline du Sud), à l’entrée de piquets de grève. C’est la mouvance folk des années cinquante qui lui donnera son élan, avec les interprétations de Guy Carawan et de Pete Seeger. Membres de People’s Song, une association de musiciens et activistes de gauche, ils offrent en quelque sorte la chanson au Mouvement pour les droits civiques qui lui donnera la prodigieuse force émotionnelle que nous lui connaissons, quand elle devient l’hymne des marches pour l’égalité dans le sud des Etats-Unis, puis devant la Maison Blanche avec le pasteur Martin Luther King, dans les années 60. Les interprétations sont légion, de Joan Baez à Bruce Springsteen, jusqu’à celle impromptue en juin 2020, de Camelia Jordana, Pomme, Jeanne Added, Raphaëlle Lannadere et Sandra Nkake lors d’une manifestation à Paris en hommage à George Floyd, victime de la brutalité policière à Minneapolis (Etats-Unis), dont la mort a ébranlé le monde.