What a Wonderful World

Au cours des années 1960, les États-Unis s’enlisent dans la Guerre du Viêt-Nam, les émeutes font rage à l’intérieur du pays et les tensions escaladent avec l’assassinat de Malcolm X en 1965. C’est dans ce contexte tendu, non seulement sur le continent américain mais aussi dans le monde entier, que Louis Armstrong décide d’écrire une chanson… pacifique et légère. “What a Wonderful World” est en effet le poème que dédie le célèbre jazzman à la planète sur laquelle nous avons la chance de vivre, source impartiale de vie et de lumière, alors même que partout se fendille la foi en l’Humanité.

Si nous connaissons Louis Armstrong comme l’une des figures éminentes de l’histoire du jazz aux États-Unis, cette chanson, elle, s’éloigne de ses standards. C’est en effet une ballade pop, au rythme et aux paroles simples, où quelques cuivres et cordes, rejoints à mi-chemin par la flûte, suffisent à faire naître une remarquable impression de sérénité.

Toutefois, à sa sortie le titre n’obtient pas le succès escompté, car le producteur de l’artiste lui-même refuse d’en faire la promotion, lui qui n’approuvait pas la direction prise par Louis Armstrong avec ce morceau incongru. Ce n’est que l’année suivante, en 1968, que l’enchantement finit par prendre, et c’est surtout vingt ans plus tard que “What a Wonderful World” s’offre une reconnaissance universelle lorsque Barry Levinson l’intègre à la bande originale de son nouveau film Good Morning Vietnam.

“What a Wonderful World” est devenu un classique, si bien que de nombreux artistes se sont frottés à l’art de la reprise en réinterprétant à leur goût le titre de Louis Armstrong. De la mélancolie virtuose de Nick Cave au punk-rock de Joey Ramone, le monde merveilleux de Louis Armstrong se décline sous biens des formes et continue de bercer les songes de ceux qui rêvent de paix et de quiétude.