Yéyé

Reprise en français (et non sans une goutte de mépris), au début des années 60, de l’interjection satisfaite « Yeah » prononcée sur scène par des musiciens contents de ce qu’ils sont en train de jouer. L’ insouciance et le plaisir de jouir des nouveaux bienfaits de la société de consommation naissante sont la marque de cette époque toujours regardée avec nostalgie et de ces chansons, souvent des reprises aseptisées de titres du répertoire des vedettes juvéniles américaines. Le show biz français sent venir les nouvelles passions adolescentes qui traversent l’Atlantique !

Plutôt qu’un genre musical, l’expression désigne une mode, un courant principalement caractérisé par le fait que, pour la première fois, des adolescents chantent pour des adolescents des histoires d’adolescents. Enclenché juste à la fin de la guerre d’Algérie, cet engouement traduit un énorme soulagement : l’armée et la guerre ne prendront plus les garçons ! Une foule de jeunes chanteurs et chanteuses se sont rués sur la brèche : Johnny Hallyday (bien sûr), Eddy Mitchell, Françoise Hardy, Sylvie Vartan, Sheila, Antoine et des dizaines d’autres relayés par une fameuse émission de radio, sur Europe 1 : « Salut les copains », vite accompagnée du journal du même nom, tout entier dévolu au « yéyé ».

Sachez que le concert de la place de la Nation à Paris le 22 juin 1963, qui rassemblât plus de 150 000 personnes, fut l’occasion d’une levée de bouclier dans la presse : certains décrivent des hordes de jeunes fanatisés par le rock, comparables aux rassemblements Nazi en Allemagne ! Les jeunes faisaient déjà peur.