Autre temps, autres moeurs… retour sur une chanson qui, avant d’inspirer une série TV familiale, faisait déjà parler d’elle pour son insolence !
Jacques Dutronc sur le toit de la maison de disques Vogue, rue d'Hauteville à Paris, en 1966
Insolent, provocateur nonchalant et timide, Jacques Dutronc nous balade dans son univers depuis bien des années. Né en 1943 à Paris, le beau gosse des années 1960 et figure majeure des Yéyés travaille avec le parolier Jacques Lanzmann qui a su trouver les mots qui collaient parfaitement avec sa personnalité et l’époque. Chanteur rare et populaire, il aime entretenir son image de dandy chic et choc. Jacques Dutronc est aussi un acteur talentueux. Il a tourné dans plus de quarante films et a même reçu un César en 1992 pour son rôle dans le film “Van Gogh” qu’il interprète d’une manière bouleversante. Artiste dilettante à la carrière décousue, le mari de Françoise Hardy et père de Thomas Dutronc a créé quelques unes des chansons les plus décalées et étranges des années 1960. Encore aujourd’hui, il se produit sur scène avec une énergie étonnante qui fait mouche à chaque spectacle.
Des enfants attendent le passage du Tour de France à Vannes, juillet 1968 (Source : www.ouest-france.fr)
On se rappellera de l’année 1968 comme une année de révolte, un long cri de colère et d’ennui poussé par ceux que l’on entend peu en France et dans le monde : les jeunes, les femmes, les ouvriers. Ce cri entraînera de profonds changements sociaux, moraux, culturels. Cette grande secousse, qui prend la forme de marches, de grèves, de blocus ou de contestations plus ou moins musclées et polies, vient de loin. Aux Etats-Unis, la guerre du Vietnam mobilise la jeunesse américaine depuis le début des années 1960 et la lutte pour les droits civiques bat son plein. À Prague, Tokyo ou Mexico on crie liberté. France, le nombre d’étudiants a plus que doublé en sept ans et l’université ne suit pas. Les conditions de travail dans les usines sont difficiles. Les femmes veulent décider de leur vie et de leur corps. Toutes ces colères éclateront à la fin de cette folle décennie des années 1960 et bousculeront les façons de penser la vie, l’art ou l’amour. En France, les répercussions des « événements » de Mai 68 sont d’abord sociales : hausses de salaires, semaine de 40h, légalité des syndicats dans les entreprises… Le reste viendra plus tard.
Jacques Dutronc chante avec légèreté des chansons qui agacent les adultes, enflamment les jeunes et affolent les radios. L’air de rien, avec des textes moqueurs et une pointe de nonchalance, il fait ce qu’il veut et ça plaît, au point de devenir très populaire. Dans « Fais pas ci, Fais pas ça », le chanteur passe en revue les interdits et recommandations de tout poil, barbantes et répétitives que tout enfant doit subir à longueur de journée. Avec Dutronc et Lanzmann, qui signe les paroles, apparaît une nouvelle façon d’écrire des chansons. Ils imposent un regard neuf sur la société et le quotidien, qui malgré le second degré, ne manque pas de profondeur. Répétitive elle aussi, la musique rythme cette longue litanie dans un style proche de celui de Bob Dylan qui influencera beaucoup toute cette génération
Fais pas ci, fais pas ça Viens ici, mets toi là Attention prends pas froid Ou sinon gare à toi Mange ta soupe, allez,brosse toi les dents Touche pas ça, fais dodo Dis papa, dis maman Fais pas ci fais…