L’élégant chanteur serait-il atteint du syndrome de Peter Pan ? À vous de juger.
Alain Souchon dans les années 1980 (via Mubi)
Alain Souchon est né à Casablanca, au Maroc, en 1944, mais passe toute son enfance à Paris. Sa carrière démarre dans les années 1970, période où il rencontre le musicien Laurent Voulzy. C’est le début d’une grande amitié et d’une longue collaboration entre les deux artistes. Avec son look d’éternel adolescent, fragile et romantique, Alain Souchon est entré dans la maturité sans que cela se voie. Auteur incontournable de chanson poétique souvent teintée de mélancolie, il sait parfaitement jouer d’une apparence plutôt sage pour faire passer en douceur et sur un ton parfois désabusé des messages clairs et bien sentis sur notre époque. Ce monsieur-là, avec son air de ne pas y toucher, est un artiste de la chanson parmi les plus importants aujourd’hui.
La rentrée des classes du 16 septembre 1974 : si la mode change, la joie de retrouver les copines reste la même encore aujourd’hui (Source : Photo archives Le Progrès)
Après 1968, la France a bien changé. Dans les années 1970, le pays s’est modernisé. La libération des femmes, rêvée en Mai-68, se concrétise à petits pas grâce à la légalisation de la contraception, la fin de l’interdiction de l’avortement et le divorce rendu plus facile. Un nouveau président de la République est élu en 1974. Il est jeune (48 ans, un bébé), il n’hésite pas à poser dans les magazines avec sa famille (du jamais vu à l’époque !), il s’appelle Valéry Giscard d’Estaing. La même année, un nouvel aéroport s’ouvre à Roissy-en-France : Roissy -Charles-de-Gaulle. La télé passe du noir et blanc à la couleur. Dans les années 1970, on ne jure que par le moderne et le pratique. Le premier Mac Do ouvre en 1979. Les premiers Bic ou rasoirs jetables font un carton, tant pis pour la pollution ! Pourtant, derrière ce vent d’insouciance, tout n’est pas rose. Le pays compte un million de chômeurs, de nombreuses usines ferment et deux chocs pétroliers mondiaux font exploser le prix de l’essence.
Composée par Laurent Voulzy, le grand copain d’Alain Souchon, « J’ai dix ans » est une ballade accompagnée à la guitare acoustique en mode “picking”, chantée par un adulte qui ne veut pas grandir. En 1974, année de la sortie du morceau, Alain Souchon a 30 ans et ça lui plait pas du tout. Pour les paroles de la chanson, il utilise les mots des enfants, comme « récré » ou « les grands », pour faire semblant d’être des leurs et revenir à l’époque rêvée de ses dix ans. Et gare à ceux qui voudraient l’empêcher de faire « genre » ! C’est bien connu, quand on est enfant, on n’a pas de problème et la vie est plus facile. Pas de problème de cœur par exemple, car « les filles c’est des cloches ». Pas de problème de boulot non plus, ni d’argent. La vie est bien plus extraordinaire quand on a dix ans… on peut rêver, faire des bêtises, bref on est libre ! Enfin, c’est ce que pense Alain Souchon qui refuse de vivre sa vie d’adulte. Par conséquent, il embellit peut-être un peu vite le quotidien des enfants en y posant un regard plein de nostalgie.
J'ai dix ans Je sais que c'est pas vrai Mais j'ai dix ans Laissez-moi rêver Que j'ai dix ans Ça fait bientôt quinze ans Que j'ai dix ans Ça parait bizarre mais Si tu m'crois pas hé Tar' ta…