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Dans le bouillonnement des années d’après-guerre, années de la décolonisation, la vie artistique est foisonnante au Maghreb et au Moyen-Orient. Des stars émergent, tant dans le cinéma que dans la musique et certaines touchent à tout. C’est le cas de l’Égyptien Muharram Fouad. Né d’un père ingénieur, il commence à chanter dès l’âge de quatre ans, tant et si bien que son école le choisit pour chanter devant le Roi du pays, Farouk. Exploitant son talent, il chante dans des fêtes et des mariages et apprend le oud. C’est à 25 ans qu’il se fait remarquer en tournant avec l’actrice Souad Hosni, une histoire d’amour à l’égyptienne, dans « Hassan et Nayima » en 1959. Il tournera ensuite dans une dizaine de films, généralement romantiques, entre l’Égypte et le Liban.
En plus d’être acteur, Fouad est chanteur original et prolifique. Il sait se distinguer des superstars égyptiennes de l’époque, comme Oum Kalthoum, le pays étant à ce moment-là un vivier exceptionnel de talents. Excellant dans les chansons d’amour, il fait rêver des générations entières d’égyptiens et d’égyptiennes. Son morceau le plus connu, le plus touchant, reste « Rimsh Enoh », « Il a cligné des yeux » en français. Dans ce titre au refrain entêtant, qu’il chante aussi dans « Hassan et Nayima », il dévoile une voix profonde, un vibrato déroutant, mi-festif, mi-mélancolique. Un petit quelque chose de triste, de nostalgique, qu’il conserve dans sa voix. Presque comme ce que l’on trouve dans le fado, qui exprime la saudade, la mélancolie portugaise.
L’artiste décède en 2002, alors qu’il vient tout juste de fêter ses 68 ans. Muharram Fouad lègue encore au monde une part de son talent : l’envoûtant Tamino, petit prince folk rock, n’est autre que son petit-fils. Dans son « Habibi », on entend encore les graves que son grand-père posait sur « Ya Habibi ». Lui-même affirme que sa musique revisite celle de son ancêtre qu’il n’a pas connu. Nul doute qu’à 25 ans, Tamino est déjà digne de l’héritage que son nom lui confère.