On dit que la musique est un langage universel qui véhicule des émotions et transcende les mots. Que la musique est fédératrice, qu’elle rassemble les individus autour d’une cause, d’un événement voire même d’une équipe de foot. C’est vrai par exemple de La Marseillaise connue dans le monde entier. Mais d’autres musiques sont aussi devenues des hymnes ! Comment une chanson devient-elle un hymne ? Découvrons ensemble la force symbolique des chansons, à travers l’histoire de cinq œuvres magistrales.
Débutons notre voyage. Cap vers l’Autriche et sa capitale, Vienne, où Beethoven a composé cet Ode à la joie devenu notre hymne européen. Connaissez-vous l’histoire de ce compositeur de génie ?
Portrait de Ludwig van Beethoven composant sa Messe Solennelle en ré majeur, Joseph Karl Stieler, huile sur toile, 1820.
Né en 1770 à Bonn (Allemagne), Ludwig van Beethoven est un révolutionnaire de la musique. Son œuvre marque le passage de la période classique vers celle du romantisme. Elève du grand compositeur Joseph Haydn, il se fait vite connaître des mécènes pour vivre de sa musique. A Vienne, capitale européenne de la musique, Beethoven gagne une très forte notoriété par des duels d’improvisation au piano. Il compose pour le piano, l’orchestre et la musique de chambre et livre des œuvres brillantes d’expressivité. Hélas, à 27 ans, la surdité le frappe et gagne du terrain jusqu’à ce qu’il perde totalement l’ouïe, quelques années plus tard. Pianiste virtuose et compositeur exceptionnel, Beethoven est mythifié de son vivant et son œuvre est aujourd’hui encore considérée comme des plus marquantes de l’histoire de la musique.
Le drapeau européen.
Le grand poète allemand Friedrich von Schiller, contemporain de Gœthe, cet autre géant de la littérature allemande, écrit le poème « An Die Freude » (À la joie) en 1785. C’est en 1822 que Ludwig van Beethoven compose sa neuvième Symphonie et emprunte à Schiller son poème pour en faire les paroles du quatrième mouvement (section d’une symphonie) ! Très populaire, l’introduction de ce mouvement est adoptée comme hymne du Conseil de l’Europe en 1972, puis de l’Union européenne en 1986. L’Ode à la joie devient support à l’instauration d’une nationalité commune européenne ! Les paroles sont supprimées de la version officielle : on veut unifier les langues à travers la musique figurée comme langue de l’Europe. Le célèbre chef d’orchestre allemand Herbert von Karajan est chargé de l’interprétation, il en fait trois arrangement simplifiés depuis la version originale : pour piano, instruments à vents et orchestre symphonique.
Emmanuel Macron devant la pyramide du Louvre le jour de son élection en 2017 accompagné par l’Ode à la joie de Beethoven, via Le Journal du Dimanche.
Une mélodie facilement retenue et une orchestration grandiloquente : le quatrième mouvement de la neuvième symphonie avait tout pour faire un hymne ! Dans le poème de Schiller sont célébrées la fraternité et l’unité humaine dans la perspective d’une société d’Hommes égaux. Le tout dans un registre lyrique voire épique que sublime l’orchestration de Beethoven. Une ode à la vie, à la joie, mise au service de l’idéal européen. Un message universel porté par la musique.
En 2017 lors de son élection, Emmanuel Macron traverse la cour du Louvre avec cette « Ode à la joie ». Un geste fort et symbolique affirmant l’engagement européen de notre pays !
Qu'ils s'enlacent tous les êtres ! Ce baiser au monde entier !Un hymne à l’amour fraternel et universel.
Joie ! Joie ! Belle étincelle divine, Fille de l’Elysée, Nous entrons l'âme enivrée Dans ton temple glorieux. Ton magique attrait resserre Ce que la mode en vain détruit ; Tous les hommes…
Écoutons à présent cette mélodie que nous connaissons tous. Voici un bel exemple d’une musique dont le voyage a, au fil des ans et des évènements, enrichi le sens !