Aretha Franklin en 1969 pendant une session d’enregistrement dans un studio d’Atlantic Records. Crédits : Michael Ochs Archives/Getty Images.
Surnommée « The Queen of Soul », Aretha Franklin naît à Memphis, Tennessee, en 1942 d’un père pasteur et d’une mère chanteuse de gospel. Elle chante dans les églises avec ses sœurs avant d’être repérée par un producteur à 14 ans et de signer avec son premier label. Aretha gagne la notoriété dans le courant des années 60 avec des titres comme « Think », « Respect » ou « A Natural Woman ». Elle devient une icône de la soul, égale d’Otis Redding dont elle transforme le hit “Respect” et de Sam Cooke tous deux immenses chanteurs. Son influence est aujourd’hui encore sensible dans le monde du Rn’B.
Chanteuse noire de caractère dans un monde d’hommes, Aretha Franklin devient une artiste engagée dans divers combats, notamment ceux des droits civiques, aux côtés de Martin Luther King et Malcom X, et du féminisme. Sa voix puissante impose le respect et se fait entendre dans le monde entier. Elle chanta à l’investiture de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis. Lors de sa mort le 16 août 2018, le monde rend hommage à cette immense chanteuse dans une vague d’émotion.
Martin Luther King dans une manifestation pour les droits civiques en 1963 à Washington. Crédits AP Photo.
Entre la guerre du Vietnam, les émeutes raciales qui embrasent les Etats-Unis mais aussi le besoin de liberté qui parcourt l’Europe de Prague à Paris, la contestation se généralise. La génération hippie réclame des fleurs à la place des fusils : les régimes traditionnels vacillent. Aux Etats-Unis les lois de ségrégation raciale sont lentement abolies à partir de 1954, mais elles perdurent. La révolte de Rosa Parks en 1955 ouvre la longue lutte pour les droits civiques. Le climat se tend, avec les assassinats de Malcom X en 1965 puis de Martin Luther King en 1968. Ces luttes rencontrent les combats féministes et pacifistes grandissants. Le désir de liberté est au cœur de ce bouillonnement.
Côté musique, la pop anglaise explose avec les Beatles, la soul brille et de jeunes chanteurs français s’inventent des noms américains. John Lennon chante “Imagine” : les années 70 s’ouvrent sur l’espoir d’un monde meilleur.
Pochette de Respect, sorti en 1967 chez Atlantic Records.
Otis Redding, immense chanteur américain de musique soul et de rhythm and blues, écrit « Respect » en 1961 : une chanson machiste dans laquelle il demande à sa femme de “respecter” son autorité de mari. En France, Johnny Hallyday, avec Du Respect en propose une interprétation fidèle en 1966 !
Mais en 1967, Aretha Franklin remanie la chanson et en fait son tube planétaire : la femme revendique d’être respectée par son mari, le menaçant même de partir s’il n’est pas à la hauteur. Elle ajoute même un quatrième couplet cinglant où elle épelle le mot « respect » qui prend un tout autre sens que dans sa version d’origine. Une revendication qui conjugue celles de son temps : la lutte pour les droits civiques et celle pour les droits des femmes !
L’introduction invite à la danse, rythmée par un jeu de questions-réponses des trompettes et une batterie entraînante. La diva de la soul prend ensuite place, son chant ponctué par les répliques d’un chœur féminin, une formation typique du rhythm and blues qui nous rappelle le gospel. Un morceau qui impose le respect et qui donne aussi envie de danser !
A la mort de la chanteuse en 2018, le Royal Philharmonic Orchestra de Londres enregistre le tube en guise d’hommage, avec les voix d’origine. Que dit-on à une chanteuse qui est parvenue à inverser le sens d’origine d’une chanson pour en faire un tube planétaire ? Respect.
R-E-S-P-E-C-T : find out what it means to me (en français : cherche ce que ça veut dire pour moi)Leçon de respect en musique.
What you want Baby, I got it What you need Do you know I got it? All I'm askin' Is for a little respect when you get home (just a little bit) Hey baby (just a little bit) when you get…
Terminons avec une chanson connue dans le monde entier, devenue l’hymne de la victoire, véritable classique dans les stades !