Alain Souchon, portrait à l’encre de chine
Il y avait ce jeune homme un peu timide, romantique et maladroit. Une grande silhouette mal coiffée qui attendrissait les filles et jouait à merveille les anti-héros. Et il y a cet homme mûr, un des auteurs contemporains parmi les plus appréciés, reconnus, respectés de la chanson française. En prenant son temps, sans jamais trop en faire, Alain Souchon a su se rendre indispensable, dans ce registre qui n’appartient qu’à lui, entre douceur et amertume. Il est ce héros paisible dont on partage avec intensité les états d’âme.
Auteur de 15 albums studio et de 7 albums live, Alain Souchon ne s’est jamais détourné de sa vocation de chanteur et d’auteur, en dépit de quelques incursions dans le cinéma. Ses mots justes rencontreront les fulgurances mélodiques de Laurent Voulzy, donnant ainsi naissance à une amitié indéboulonnable et à une ribambelle de tubes, dont nous avons toutes et tous la liste en tête. Ouvert à de nouvelles sonorités, Alain Souchon explorera, face à l’absurdité du monde et aux illusions sentimentales, son intrinsèque mélancolie. Avec l’aisance et la nonchalance d’un grand de la chanson française, il sortira en 2019 un nouvel album « Âme fifties », accompagné de ses fils, et bien entendu de Laurent Voulzy.
à la sortie des caves de Saint-Germain des Prés… « Le Tabou, rue Dauphine, 1963 », photo de Robert Viollet.
Saint-Germain des Prés était le lieu de rendez-vous des jeunes, des artistes et des intellectuels de la deuxième moitié du XXème siècle, célèbre pour ses cafés littéraires où l’on débat et discute de philosophie et de littérature. Alain Souchon cite quelques grands noms de la chanson française qui furent des habitués du quartier : Boris Vian, Juliette Gréco, Léo Ferré ; mais aussi Serge Gainsbourg et sa muse Jane Birkin. La vie nocturne y était riche grâce à ses fameuses caves où la jeunesse parisienne découvre des musiques qui font scandale. Saint-Germain des Prés incarne l’esprit bohème et radical de ces années qui éclateront en Mai 1968.
Alain Souchon invite à la nostalgie, aux regrets, en évoquant le quartier de Saint-Germain des Prés, situé sur la rive gauche de la Seine. Jadis, on y écoutait du jazz et des poèmes dans les caves, on dinait dans des restos pas chers où l’on mangeait bien mal, mais entre amis… À présent, adieu le jazz, la fête et le théâtre ! Pour Alain Souchon, le Saint-Germain actuel, huppé, chic, semble davantage paré pour le business et la frime. La guitare file un arpège triste mais élégant, un saxophone amer se promène et la voix d’Alain Souchon laisse percer une pointe de colère.
Les chansons de Prévert me reviennent De tous les souffleurs de vers...laine Du vieux Ferré les cris la tempête Boris Vian ça s'écrit à la trompette Rive Gauche à Paris Adieu mon…