Deuxième drôle de type que nous avons-là… Moustache, regard moqueur : Pierre Vassiliu a une tête que l’on oublie pas. Approchez-vous n’ayez pas peur !
Portrait de Pierre Vassiliu
Fils d’immigré roumain, Pierre Vassiliu s’est construit sur une double personnalité d’auteur. Côté pile, on retrouve des chansons humoristiques comme « La Femme du Sergent » ou « Qui c’est celui-là ? », qui restera la plus fameuse. Côté face, il aura ciselé de purs bijoux : « Amour amitié », « J’ai trouvé un journal dans le hall de l’aéroport », révélant une sensibilité profonde. Pierre Vassiliu est connu pour son esprit anticonformiste. Dès ses quinze ans, il est forcé à quitter son domicile familial à cause de ses bêtises. Plus tard, alors qu’il est photographe de l’armée pendant la guerre d’Algérie, il passe en Conseil de Guerre pour avoir diffusé sa propre chanson « J’ai l’honneur », au contenu antimilitariste. Depuis, toujours connecté à toutes les musiques de la planète, Vassiliu a mené sa carrière en marge des grands médias, mais pas à l’écart d’un vaste et fidèle public. Durant toute sa vie il mènera de nombreux projets, oscillant entre musique et cinéma.
Le Président Nixon en 1972, clamant son innocence lors de son discours télévisé I’m not a crook concernant le scandale du Watergate. Crédits STF / CONSOLIDATED NEWS PICTURES / AFP
Les pays producteurs de pétrole revoient le prix de l’or noir à la hausse : ils veulent que la manne financière leur profite aussi. C’est le choc pétrolier ou plutôt le début de la crise. Modernisation et compétitivité deviennent des mots à la mode et certains commencent à conjuguer l’industrie au passé décomposé. Au Portugal, la révolution des œillets invite à la liberté, tandis que la démocratie revient au berceau en Grèce. Aux États-Unis, scandale ! Le Watergate révèle que le Président Nixon a espionné ses adversaires. « Hou, hou méfions-nous, les flics sont partout » chante Jean Ferrat. Une jeune actrice, Isabelle Adjani fait une entrée remarquée dans « La Gifle », son premier film, et un bonhomme à l’humour corrosif commence à s’imposer : Coluche.
La pochette de « Qui c’est celui-là ? » sorti en 1973
Le disque Qui c’est celui-là sort en 1973 chez Barclay au format 45 tours. Il a été numéro un en France en 1974, vendu à 300 000 exemplaires en quatre mois. La radio RTL l’a utilisé pour le générique de l’émission La grande parade.
Nous sommes happés vers le Brésil dès l’introduction : la guitare, les percussions, dont la fameuse cuica entonnent la samba endiablée adaptée de « Partido Alto » de Chico Buarque, qui lui n’était pas ravi de cette reprise. À ses yeux, cette version un peu bouffonne dénature le message politique de cette chanson engagée. On entend également des cris d’hommes imitant des oiseaux ou des singes. Un chœur d’hommes alterne avec la voix monocorde du chanteur. Vassiliu utilise ici le parlé-chanté, une technique qui lui sera reprise. Vassiliu prend la parole dans les couplets et raconte ses mésaventures qui lui vaillent les commentaires désagréables. Dans le refrain, un chœur d’hommes le dévisage. Ils représenteraient la société établie selon des normes et des codes : « On va l’mettre en prison ce type-là, s’il continue comme ça. » Reprenant le thème éternel de « la mauvaise réputation », Vassiliu rappelle d’un ton badin, que les braves gens n’apprécient jamais vraiment les trop grosses « différences ». Dans le dernier couplet, Vassiliu se met lui-même en scène comme un extraterrestre ayant débarqué sur Terre.
Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a, qui c'est celui-là ? Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga Il a une drôle de tête ce type-là Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a ? Et…