Cette Maroco-Américaine naît en 1997 à New York, dans le Queens, mais fut élevée à Casablanca. De retour aux États-Unis, Dounia Tazi, encore enfant, apprend l’anglais et la musique et teste textes et sons. La jeune femme débute sa carrière en tant que modèle photo avec le rap toujours en ligne de mire. Puis à partir de 2017, elle enchaîne enfin les singles. Et on ne s’en lasse pas. La rappeuse est remarquée pour plusieurs freestyles où l’instru, minimaliste, laisse toute la place à son flow imprégné des codes du “rap US”. Dounia aime varier les plaisirs en chantant en anglais, en français et en darija (un dialecte marocain)… le mélange favori de toute rappeuse et tout rappeur marocain.e qui se respecte. Du haut de ses 23 ans, elle maîtrise déjà les codes d’un R’N’B du XXIème siècle. La preuve ? Son featuring avec Kehlani, artiste américaine phare du R’N’B d’aujourd’hui, sur “The Avant-Garden” en 2018.

D’origine américaine, le « body positive », mouvement de société défendant l’acceptation de son corps “qu’importe ses défauts”, connaît un véritable élan depuis quelques années. Il prend racine dans le ras-le-bol des femmes, fatiguées d’être exposées à chaque minute de leur journée à des canons de beauté irréalistes. Sans céder aux diktats du marketing qui, comme à son habitude, n’a pas tardé de s’en emparer, Dounia participe généreusement au mouvement « body posi ». Son arme préférée est un réseau social très porté sur l’image de soi, Instagram, sur lequel Dounia poste des clichés décomplexés et non retouchés d’elle pour le plus grand plaisir de ses 230 000 abonnés. Le « body positive » commence à peine à faire des vagues au Maroc, où les rappeuses sont les nouvelles cheikhats. Ces musiciennes tatouées, célibataires, aux formes généreuses et exerçant surtout la nuit étaient autant méprisées qu’admirées. Espérons donc que la musique de Dounia, malheureusement méconnue outre-Atlantique, sache atteindre les côtes du pays qui l’a vu grandir afin d’épauler ces féministes encore très peu entendues.