Qu’il est dur de pédaler, au moins autant que d’être aimé ! Miossec chante les peines éprouvées par le cycliste sur sa course comme il parle des efforts de l’amant pour atteindre le cœur convoité.
Miossec © Eric Pollet
Christophe Miossec sort un premier album en 1995 et est vite remarqué par la presse et les médias qui le désignent comme une des figures marquantes de la “nouvelle vague” musicale française, aux couleurs du rock. Ce Breton de Brest écrit des textes denses, honnêtes dans lesquels il se soucie peu des bonnes convenances. En plus de vingt ans, Miossec a profondément influencé de jeunes chanteurs et groupes de rock qui ont trouvé dans son écriture et ses concerts un encouragement à se frotter au Français sans renoncer aux sonorités du rock et à la sincérité de la poésie.
La course difficile du Paris-Roubaix © DR
Sous ses airs de mélancolique désabusé, Miossec est un fan de sport et il n’hésite pas à agrémenter son répertoire de références sportives. Il se sert d’abord du football (« Évoluer en 3ème division ») pour chanter ses déboires amoureux, mais aussi du cyclisme ! En effet, derrière « le critérium » ne se cache pas seulement le nom d’un crayon, mais celui d’une course de vélo qui se déroule la plupart du temps en centre-ville, sur un circuit de 800m à 10km, que les cyclistes effectuent en boucle. La course peut être difficile, ses nombreux virages obligent le sportif à redoubler d’effort en sortie pour reprendre de la vitesse et ne jamais se laisser distancer. Le cyclisme est d’ailleurs une discipline historique des Jeux Olympiques et en 2024 nous pourrons voir les cyclistes du monde entier filer dans Paris, mais aussi traverser les Yvelines ou encore le Val-de-Marne !
En 1997, Miossec est en peine avec l’amour, mais pour le chanter, il décide d’utiliser un biais original : la parabole. Inspiré par la multitude de cyclistes qui sillonnent les routes de sa Bretagne natale, il se met dans la peau d’un cycliste courant le critérium, cherchant à se démarquer, à dépasser le peloton tant bien que mal pour se faire remarquer. Miossec parle lui-même d’une « chanson au soldat inconnu du sport », celui qui se battra corps et âme pour une récompense finalement mineure, « pour trois fleurs sur le podium ». Sur un riff de guitare simple mais tenace, Miossec raconte de sa voix à la fois rauque et fragile les efforts de ce sportif pour venir à bout de tous ces kilomètres et échapper à la « voiture-balai », que l’on peut assimiler au parcours semé d’embûches de l’amant cherchant à se faire aimer.
J'aimerais tant m'échapper du peloton Aspirer quelques secondes d'éternité Je m'en remplirais plein les poumons Et dans ton corps les soufflerais Mais je n'ai jamais connu la gloire N'étant qu'un…