Tirée du célèbre roman de Victor Hugo publié à paris en 1862, un des évènements littéraires les plus marquants du 19ème siècle, cette comédie musicale a vu le jour en 1980, après que maints films et adaptations télévisuelles en aient déjà été faites. Le chanteur et musicien Claude-Michel Schönberg et l’auteur Alain Boublil en sont les créateurs avec le parolier Jean-Marc Natel. Au double album paru en 1980 a succédé la même année la comédie mise en scène par Robert Hossein, spécialiste des grands spectacles au Palais des Sports de Paris. Le succès fût énorme et planétaire suite à la version anglaise de Cameron Macintosh. Cette dernière détient le record de durée à Londres.
La version originale réunissait une belle brochette de vedettes de la chanson française de l’époque, notamment Michel Delpech, Michel Sardou, Rose Laurens, Adamo et Yvan Dautin. Les mélodies de Schönberg tapent juste et certaines sont aujourd’hui devenues des classiques souvent repris. Cinquante millions de personnes ont assisté à ce spectacle, dont neuf millions à New York, interprété en une vingtaine de langues et joué sur les plus grandes scènes.

Chronique lyrique d’une époque où surgissaient les dominations de toutes sortes que générait l’essor brutal de la révolution industrielle et du capitalisme, le texte de Hugo est resté extrêmement populaire et demeure 160 ans plus tard d’une terrible actualité.
Les Misérables raconte l’histoire d’un ex-bagnard, Jean Valjean, sans cesse pris dans les rets de la destinée, qui entravent le nouveau cours de sa vie qu’il est décidé de vouer au bien dans un monde de plus en plus brutal et injuste pour les petites gens. Valjean adopte une fillette, Causette que sa mère mourante lui confie, malgré les cupides tenanciers d’un bar, les Thénardier qui la gardaient contre de l’argent. Sa vie lui sera dorénavant liée sous une fausse identité, car il reste poursuivi par un policier hargneux, Javert. Réfugiés dans Paris, leur route croise celle du jeune Gavroche, enfant des rues, symbole vivant de la liberté. L’action se déroule ensuite sur les barricades d’un Paris pris de ferveur révolutionnaire. Gavroche est touché par une balle. Causette épouse son amoureux Marius, un étudiant, malgré les pièges des abominables et cupides Thénardier qui la poursuivent depuis son enfance pour lui soutirer de l’argent. Sur son lit de mort, l’âme en paix, Valjean révèle la vérité à Causette. Ardent militant de la dignité et de la liberté, Hugo signe-là un roman historique, social et philosophique empreint de romantisme et d’un idéal chevillé aux idéaux de la révolution de 1789.
Seul lui est comparable Germinal de Emile Zola, paru en 1885, qui creuse la même veine sociale, cette fois dans le bassin minier. Germinal connaîtra également une belle et nombreuse descendance cinématographique et télévisuelle.

Claude-Michel Schönberg est né en 1944 à Vannes. Directeur artistique du grand chef d’orchestre de variétés Frank Pourcel, il écrit et compose pour lui-même et d’autres. De sa rencontre avec Alain Boubli, né à Tunis en 1941, naissent de nombreux projets marquants de la grande variété populaire des années 70/80. En 1972, ils conçoivent un opéra consacré à la Révolution française. Le spectacle et le disque connaissent un grand succès. Puis ils s’attellent à leur grand œuvre, Les Misérables. Ils sont aussi les auteurs de Miss Saigon (1991), Martin Guerre (1996), The Pirate Queen (2006) ou encore Cléopatra (2011).
Les Misérables comptent de nombreuses réussites : “L’air de la misère”, émouvante, “La faute à Voltaire”, la tendre et drôle chanson de Gavroche et “A la volonté du peuple”, chantée avec lyrisme par un Michel Sardou convainquant.

Si vous avez déjà vu quelqu’un chanter en s’accrochant à un lampadaire, rassurez-vous. Il s’agit sûrement d’un ou d’une fan de Chantons sous la pluie tentant de recréer l’une des plus célèbres scènes de cette comédie musicale légendaire !

Réalisé par Gene Kelly et Stanley Donen et sorti en 1952, Chantons sous la pluie est une déclaration d’amour joyeuse et colorée au cinéma et à ses artisans. Ce film musical met en scène le passage délicat du cinéma muet aux talkies, les films parlants, après l’arrivée du son à Hollywood en 1927. Chantons sous la pluie raconte le tournage d’un film, son propre tournage, à travers les aventures d’un trio d’acteurs : Don Lockwood joué par Gene Kelly lui-même, Kathy Selden jouée par Debbie Reynolds et Cosmo Brown interprété par Donald O’Connor. Nous sommes à la fin des années 1920. Don est un grand acteur du cinéma muet. Il enchaîne les succès aux côtés de Lina Lamont, femme ravissante et actrice formidable mais dotée d’un très mauvais caractère et d’une voix nasillarde. Impossible de la faire jouer dans un film parlant ! Don décide alors de la faire doubler en cachette par Kathy, une jeune danseuse et comédienne en herbe. Avec Cosmo, son fidèle compagnon, et Kathy, dont il tombe amoureux, Don réalise une comédie musicale qui va ravir Hollywood. À l’époque où la comédie musicale classique de Broadway est en déclin, Chantons sous la pluie offre une réinvention fera des années 50 un nouvel âge d’or du genre.

Car dans Chantons sous la pluie, on chante, on danse, on célèbre l’amour et le bonheur dans une débauche de couleurs et de tableaux chatoyants. Avec des compositions devenues très célèbres comme “Good Morning” ou “Make Them Laugh”, Chantons sous la pluie est érigé au rang des classiques. Nacio Herb Brown, compositeur de la bande originale, propose des morceaux jazzy et dansants aux paroles habiles et inspirées. Les performances des acteurs et actrices sont remarquables et les décors, costumes et chorégraphies plongent le spectateur dans le monde féérique de Hollywood, où cinéma et réalité se confondent. Ce condensé d’histoire aimable du cinéma est tourné en Technicolor dont la palette de couleurs vives est la signature de bien des films de cette époque.

Mise en abîme géniale de l’histoire du cinéma, Chantons sous la pluie est un hommage musical - comique et parfois même parodique - à son propre art.