La pochette de The Partisan (SP)
Il souffle sur les années 60 comme un air de révolution. La jeunesse rêve à haute voix d’un autre avenir. La guerre américaine au Vietnam s’étend en 1964 et des mouvements de contestation commencent à se faire entendre… C’est le règne des « protest songs » et du folk avec Bob Dylan et Joan Baez, artistes majeurs qui manifestent pour la paix et pour les droits civiques des noirs américains. Grâce aux Beatles, un vent musical frais et parfumé souffle sur la jeunesse. Cheveux longs et fleurs à la bouche, les hippies font sensation. Leur devise : amour, paix et liberté. Dans la foulée se popularisent les sonorités de la musique indienne et les mystiques orientales. On apprend à être tolérant et à s’ouvrir aux autres. Mais en avril 68 le pasteur Martin Luther King, principale figure du mouvement noir, est assassiné. Le rêve qui culmine à Woodstock en 69, commence à pâlir.
La ligne mélodique est ici déclinée par un arpège de guitare sur trois accords mineurs au caractère mélancolique. La contrebasse, sur une ligne très simple et dépouillée, fait le support harmonique et rythmique de la mélodie, aidée par moments d’un accordéon triste. L’interprétation d’une voix grave, chaude et douce, est poignante et simplement magnifique. C’est chanson culte comme on dit parfois des chansons qui se transmettent de génération en génération, n’a pas pris une ride. Une douce ligne d’harmonica survole par moment la chanson, presque toujours à la même note, à la façon d’un bourdon.
Curieux destin que celui de cette chanson. La musique fût composée par la guitariste chanteuse d’origine russe Anna Marly qui avait déjà composé le Chant des Partisans, devenu l’hymne de la Résistance. Les paroles sont d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, un journaliste tôt entré dans le combat pour la liberté du pays. Moins renommée en France, que sa « sœur », « Le Chant des Partisans », « La Complainte du Partisan », son vrai nom, a en revanche connu un franc succès international, notamment grâce à cette version de Léonard Cohen où elle devient « The Partisan ». Sur le mode de la complainte, c’est à dire un récit plaintif chargé de mélancolie, la chanson fait parler un personnage qui, sans joie et sans passion apparente, s’engage dans un combat dont il connaît l’issue certaine: la prison, la douleur, la mort. Mais il refuse de vivre à genoux et sait que la liberté reviendra. On note qu’il n’y a aucune ferveur dans le propos, aucune glorification en est attendue, alors que le prix à payer (perdre femme et enfants) est énorme: quand la liberté reviendra, il retournera dans l’ombre de l’anonymat.
When they poured across the border I was cautioned to surrender, this I could not do; I took my gun and vanished. I have changed my name so often, I've lost my wife and children but I have many…