Et voilà, c’est bientôt fini ! Nous terminons cette promenade en Seine-Saint-Denis avec un rap à part, celui d’une artiste qui n’a pas sa langue dans sa poche. La cinquième et dernière étape de notre voyage est un vrai uppercut dans le ventre. On n’en sort pas indemne.
Portrait photo de Casey.
La rappeuse française d’origine martiniquaise a grandi au Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis. Cette drôle de personnalité, au regard noir, à la timidité exacerbée sous des allures androgynes, possède un univers bien particulier, hanté par les spectres du passé esclavagiste et colonial de la France. Sans concession pour ses confrères rappeurs et la société dans son ensemble, elle s’impose par une plume habile et entière car presque instinctive. Ses textes ressemblent souvent à un match de boxe d’où l’on ressort groggy voire K.O. Un talent à l’état pur.
Le smartphone, symbole de la révolution numérique des années 2000-2010.
Une nouvelle révolution emporte tout sur son passage à la fin des années 2000 : le numérique. Dès 2007, tout s’accélère : Apple lance le premier iPhone, le Cloud se diffuse, Internet devient sans fil grâce à la 3G, la 4G et la Wifi, et enfin de nombreux sites aujourd’hui incontournables voient le jour comme YouTube, Facebook ou encore Netflix. Désormais, on écoute de la musique, on lit et on regarde des vidéos à tout moment, partout, tout le temps. Et sinon ? La France a élu un nouveau président, Nicolas Sarkozy. Côté musique, les voix éphémères de la Star Ac’ ou de la Nouvelle Star envahissent les écrans, tandis que des dizaines de mouvements musicaux indépendants tissent de solides réseaux à l’écart des grosses machines. La fin des années 2000, c’est aussi le retour du rock (Franz Ferdinand, The White Stripes), un nouvelle génération du rap et du slam (Abd al Malik, Grand Corps Malade) ou encore l’explosion de l’électro grand public (Justice, Soulwax).
La pochette de l’album Libérez la bête.
Libérez la bête, album dont est extrait « Rêves illimités », sort en 2010 alors que l’image des banlieues reste encore très marquée par les émeutes de 2005 et les polémiques lancées par la candidature de Nicolas Sarkozy aux présidentielles. Pour Casey, la bête peut être le migrant, les jeunes de banlieue, l’étranger selon le contexte. Elle s’en sert pour dénoncer l’exclusion et la galère au fil de ses morceaux furieux.
Casey dresse ici un portrait très personnel de sa vie au Blanc-Mesnil, de son chemin parcouru en France depuis l’enfance, de sa rage et de ses combats quotidiens. De la colère à l’espoir, affirmant sa soif d’exister sans renier ses origines et sa personnalité, elle résume en quelques lignes ce que bien des jeunes de banlieue peuvent traverser. Elle évoque également ses débuts dans le hip-hop comme un antidote à l’ennui, aux problèmes de la rue et comme un moyen d’échapper au troupeau, de faire sortir toute sa rage face à l’injustice et à la bêtise humaine.
Un rêve sombre sur un son tribal où les mots coulent en un flow d’une rythmique implacable. Tout cela posé sur des samples composés par le duo Anfalsh, DJs et producteurs très courtisés dans le milieu du rap. Bien que classiques, ils ont souvent la couleur d’un chant guerrier.
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