“Tu es trop jeune pour savoir !”, “Tu comprendras plus tard !”, “Tu ne peux pas faire ça !”, “Passe ton bac d’abord”, “C’est pour ton bien”…
Difficile de lutter contre la société des adultes quand on est jeune, parce que bien souvent “on n’est pas sérieux quand on a 17 ans”. Si en plus on a des exigences et qu’on ose dire “je fais c’que je veux !”, alors là les difficultés pointent leur nez.
…”Fais pas ci, fais pas ça” martèle Dutronc, en égrenant la liste des interdictions que l’on nous assène dès nos premiers pas. La chanson touche cible en chacun de nous, et c’est en souriant que l’on préfère penser, malgré une certaine inquiétude, que n’étant plus tout petits, le sermon ne vaut plus. “C’est du passé ! J’fais c’que j’veux maintenant !” Mais qu’est-ce que je veux ? L’autonomie sans doute, et la liberté. Tous les poètes l’ont chantées… mais aussi cherchée, car elle se cache, se métamorphose. Qu’est-ce que je veux, ou plutôt peux ? La difficulté est là, dans cette oscillation affolante : désir-rêve, rêve-désir, réalité… “J’fais ce que je veux !” Un simple caprice ? Certainement pas ! Un parcours d’obstacles et la farouche détermination de leur inexistence, juste un instant…
…Mais où est l’obstacle ? Ma faute ? Ta faute ? Leur faute ? Le temps? La force ? D’un côté une folle envie, de l’autre un triste dépit ou tout la peur, le risque ; “…qui prendrait des fardeaux pour grogner et suer sous le poids de la vie, si la terreur de ce qui suit le mort — pays inexploré d’où, s’il passe la borne, nul voyageur ne revient — n’embrouillait nos desseins. Nous faisant préférer nos propres malheurs à la fuite vers d’autres qui nous sont inconnus ? Ainsi la conscience fait de tous des couards…” (Hamlet, Shakespeare)…
… Difficile donc à atteindre, cette liberté, lorsqu’elle s’exprime sous le regard inquisiteur des autres, une famille, la société. Difficile aussi à construire sans la solitude, sa sœurs jumelle et néanmoins ennemie. Même Robinson Crusoé, sur son île, ne fait pas ce qu’il veut. Il voit la nature se dresser inexorablement contre sa volonté. Et c’est être bien naïf que de ne croire ses limitesqu’extérieures… L’interdit pointe parfois notre propre regard. Difficile enfin, de ne pas sacrifier celle du camarade à la sienne…
… Difficile à atteindre, mais pas impossible de s’en passer : faite de petites touches de couleurs et de notes de musique, elle nous habite et sa recherche occupe le clair de notre temps. “J’fais ce que je veux être et ne pas être …”. Évidemment, selon l’âge, cette recherche prend différents visages. L’adolescence est un période où l’on n’est pas “sérieux” : on brave les interdits, on refuse l’autorité… On est aussi plus insouciant, moins conscient des dangers. On repousse ses limites et c’est tant mieux ! On avance lorsque l’on ne se contente pas de ce que l’on a, de ce qu’on nous montre, de ce que veulent parents, profs, amis même. Elle est impérieuse cette nécessité que l’on ressent de chercher et de trouver sa propre voie : voilà une bonne raison pour oser, pour ne pas suivre de route toute tracée…
… Ainsi la quête de la liberté prend plusieurs formes : elle peut être violente et catégorique. Elle peut être distante, souple et néanmoins critique. Et même si braver les idéologies et les règles sociales fait de nous des “diables”, faut-il s’arrêter en chemin ? Car ces “diables” qu’affectionnent tant la littérature, le cinéma, la musique, tous ces anti-héros qui n’en font qu’à leur tête, ne sont-ils pas ceux précisément qui nous fascinent le plus, ceux que nous préférons ?!
… Les artistes, en général, et les musiciens en particuliers expriment dans leurs œuvres cette quête, ce besoin de liberté et le refus des conventions. Mais peut-être que cet esprit de liberté existe justement parce que ces artistes ont su garder une part de jeunesse. Mais quelle part ? La part du diable ou la part de la raison, d’insouciance et de spontanéité qui nous fait refuser l’injustice et qui nous fait parfois dire “je fais ce que je veux !!!” ? La musique reflète ces différents visages de la liberté.
C’est ce que nous avons voulu partager dans ce parcours.
Je fais c'que je veux !
ANNÉES 50
Georges Brassens - La mauvaise réputation (1952)
Boris Vian - Je suis snob (1955)
Léo Ferré - Vingt ans (1960)
ANNÉES 60
Charles Aznavour - La bohème (1966)
Brigitte Bardot - Harley Davidson (1967)
Antoine - Je dis ce que je pense (1966)
Jacqueline Taïeb - 7h du matin (1968)
Barbara - Moi je me balance (1969)
ANNÉES 70
Johnny Halliday - Flagrant délit (1971)
François Béranger - Ma fleur (1975)
Alain Souchon - Jamais content (1971)
Jane Birkin - L’aquoiboniste (1978)
ANNÉES 80
Starshooter - Get baque (1980)
Blessed Virgin - Jean Pascal et la France (1982)
Mano Negra - Ronde de nuit (1988)
ANNÉES 90
Saez - Jeune et con (1996)
Dolly - Je ne veux pas rester sage (1997)
Zazie - Tous des anges (1998)
Nina Morato - Secotine (1999))
Akhenaton - Métèque et mat (1999)
La Grande Sophie - Bye Bye (2001)