Quand il débute dans les années 50, jeune diplômé du conservatoire, Ferré est un artiste un peu timide, passionné de jazz, de tango, de poésie et de chanson populaire. Au moment de la guerre d’Algérie, il écrit des textes beaucoup plus engagés. Auteur de longs poèmes épiques et de chansons éternelles (“Avec le temps”, “Ni Dieu ni maître”), Léo Ferré devient une influence essentielle pour la génération de 68.
Léo Ferré (3)
Pour tout bagage on a vingt ans On a l'expérience des parents On se fout du tiers comme du quart On prend l'bonheur toujours en r'tard Quand on aime c'est pour toute la vie Cette vie qui…
Vingt ans… Quel bel âge! Léo Ferré celèbre ici la jeunesse dans ce qu’lle a d’insouciant et de rebelle. Celui dont on parle comme du chantre de mai 68 chante un texte poétique dont la solennité ne contredit pas son sarcasme habituel, moquant toujours la respectabilité et la “bien pensance” de la société. Le chant, mi-incantatoire, mi-romantique, s’accompagne d’une nappe de voix cristalline. Le “chabada” de la batterie (au charley et balais), le piano et la contrebasse se confondent dans une atmosphère jazzy envoûtante, et nous rappellent avec nostalgie le bonheur que d’avoir vingt ans.