Georges Brassens déclare sa flamme pour le grand amour de sa vie (encore une fois) ! Mais loin d’être gnan-gnan, il rappelle la beauté d’un être humain tout entier, avec ses charmes et ses défauts.
À la fin des années 60, la France a bien changé. Le pays s’est modernisé et les façons de penser la vie, l’art ou l’amour sont en profonde mutation. Les répercussions de Mai 68 sont d’abord sociales (hausses de salaires, légalité des syndicats dans les entreprises) mais c’est aussi sur le terrain des mœurs et de la morale que les choses bougent. Les films de la Nouvelle Vague ont donné le tempo, la musique suit plus timidement ; mais ça y est, on se lâche un peu. Car les luttes féministes en plein essor ainsi que les échos du mouvement hippie, avec le festival de rock de Woodstock aux Etats-Unis et la comédie musicale Hair qui s’installe à Paris en 1969, contribuent à lever le voile de pudeur derrière lequel on dissimulait désir et pulsions.
Georges Brassens chante sa femme et sa muse, Joha Heiman, qu’il surnomme Püppchen (« petite poupée » en allemand), sur un ton presque détaché cette fois. Si on écoute la chanson rapidement, le propos peut sembler un peu facile. Pourtant, le chanteur-poète y dit en réalité la femme dans toute sa plénitude d’être humain, qu’on ne saurait réduire à ses seuls attraits physiques.
Georges Brassens signe une mélodie à la guitare sans fioriture et sans effets qui pourraient détourner l’attention du texte. C’est bien sa signature musicale qu’on retrouve ici dans ce morceau un brin frivole. Les paroles sont à peine chantées, pour garder cette simplicité tendre et efficace si caractéristique de Georges Brassens. Son but ? Que tout le monde puisse fredonner « Rien à jeter » !
Elle est quelque peu fière Et chatouilleuse assez Et l'on doit tout entière La prendre ou la laisser« Rien à jeter », extrait, 1969
3:59
6:54