Si la chanson française est appréciée de par le vaste monde pour sa poésie et ses multiples nuances, c’est que ses muses, auteurs, compositrices et interprètes partent volontiers à la découverte de villes inspirantes et chantantes. La preuve par cinq.
Dario, le Mexicain de pacotille en goguette à Rio !
On pourrait d’un revers balayer Dario Moreno, de son vrai nom David Arugete, né en avril 1921 et disparu le 3 avril 1968. Ce serait injuste et inconséquent tant notre homme mérite d’être conté. Double ration d’exotisme : notre latin lover était un juif turc ! Ce chanteur d’opérette et comédien ne symbolise-t-il pas la chanson pacotille et superficielle des années 50 ? Opérette, joie de vivre, ambiance de fête, il est vrai qu’on ne trouve guère de messages dans ses succès, mais un univers un peu factice, une réalité de carte postale. Tout ce que détesteront en coeur les jeunes rockers et les chanteurs de la rive gauche. N’empêche. Dario était sympa, exubérant, excentrique, l’écouter donnait la pêche : mambo, cha-cha-cha, et musiques orientales… Vivrait-il aujourd’hui, qu’il serait à coup sûr une idole des nuits parisiennes. Il fût le partenaire sur scène de Brel dans l’Homme de la Mancha, le spectacle musical créé par le grand Jacques.
La plage, le sable, l'océan et le soleil. Et les corps exhibés.
Cette chanson brésilienne de Carvalhinho, Julio Monteiro est devenue un énormissime et éternel standard de la chanson kitsch-à-la-française. “Si tu vas à Rio” est un petit joyau de bonne humeur dilettante archétypal de cette chanson exotique dont les Français de la fin des années 50 raffolaient. Samba, cocotiers, Cariocas joyeux, le Corcovado et son sublime panorama, l’immense baie de Copacabana… Tous les clichés d’un Brésil de rêve et de vacances sont là. Ne manquent que les gamins des favelas. Le touriste en croise pourtant, parfois, qui s’approchent timidement des terrasses de cafés demandant s’ils peuvent terminer dans votre assiette les petites saucisses grillées, délicieuses, qu’on sert à l’heure de l’apéritif. Mais ça ne se photographie pas. Elle a été créée et composée par les Compagnons de la Chanson, la formation chorale qui accompagnait bien du monde à l’époque, notamment Edith Piaf. Leur version a toutefois été surpassée par celle espiègle de Dario Moreno qui connût d’autres succès, notamment son fameux “Brigitte Bardot”.
L'autre rêve de Brésil, le football : l'équipe idéale qui remporte sa première Coupe du monde en 1958
Signe que le pays sortait d’un long après-guerre, se reconstruisait et regardait autour de lui ? Relent nostalgique d’un monde colonial en cours de désagrégation sur fond de rythmes tropicaux pour penser à autre chose ? Besoin de divertissement dans une période tendue après la défaite cuisante au Viet Nam et au début de la guerre en Algérie ? Un peu de tout. Ajoutons à cet arrière fond les effets de la musicalisation de la société : tourne-disques dans chaque foyer, ventes de disques à la hausse, vogue des surprise-party avec musique et danse à la maison ! Mais ne boudont pas notre plaisir : Dalida, Bob Azram, Marino Marini, Francis Lopez et d’autres excellent dans ce registre d’une chanson volage aux accents d’ailleurs. Ils rencontrent un succès phénoménal qui sera balayé par une nouvelle vague, celle des yéyés.
Pleïade d'interprètes, mais un seul gagnant : Dario Moreno
Si tu vas à Rio N'oublie pas de monter là-haut Dans un petit village Caché sous les fleurs sauvages Sur le versant d'un coteau C'est à Madureira Tu verras les cariocas Sortir des…