Yves Simon est né le 3 mai 1944 à Choiseul (Haute-Marne) dans une famille modeste. Passé par la case groupe de rock, il s’intéresse à la chanson et à l’écriture, monte à Paris entamer des études de cinéma avant de partir bourlinguer en Europe et aux Etats-Unis, terre promise des jeunes rêveurs modernes. Un premier 45 tours en 1967 révèle une écriture originale qui accèdera à la maturité en 1973 avec “Au pays des merveilles de Juliet”, chanson hommage à la comédienne Juliet Berto, qui porte la marque de son amour du cinéma. “J’ai rêvé New York” figure sur l’album suivant, Respirer, chanter qui rencontre un grand succès. Il délaissera vite la scène se consacrant de plus en plus à l’écriture et publie plusieurs romans. Typique de cette nouvelle scène des années 70 un peu beatnik, un peu hippie, qui se réfère autant à Brassens qu’à Bob Dylan, il devient une référence discrète de la chanson française, artiste en demi-teinte mais attentif à son monde et prêt à prendre parti pour les causes qu’il épouse. Yves Simon a incarné une certaine modernité que l’on mesure à son influence sur la scène pop-folk voire électro-pop contemporaine.

Très caractéristique de l’écriture cinématographique qu’affectionnait Yves Simon, la chanson, sur un mode récitatif, installe sa scène dans une gare, campe un personnage visiblement seul et désemparé qui accepte une invitation au rêve que lui formule un inconnu. Et nous voici parti pour la Grande Pomme sur un tempo rock avec des cuivres en mode funky.
Dans son rêve éveillé, enchanteur apostrophe trois personnalités de “ son “ New York : Lester Young, “ The President “, saxophoniste majeur et influence capitale du jazz, Gregory Corso, un des poètes clef de la Beat-Generation et Jimi Hendrix, le guitariste sidéral et sidérant. On le sent bien, la ville de tous les possibles, de toutes les aventures fascine un Yves Simon, ébloui par sa constante agitation. La musique vrombissante réussit très bien à figurer cette impression de mouvement permanent que ressentent tous les visiteurs de New York.

Au tournant des années 60, les Etats-Unis nous renvoient une image contrastée. Celle repoussante de la guerre du Viet-Nam, de ses démons ségrégationnistes et d’une démocratie minée par l’affaire du Watergate, cette ridicule et retentissante histoire d’espionnage politique qui valut son poste à Richard Nixon, alors Président. Et celle, désirable, de la liberté, du foisonnement artistique, de la consommation débridée - bien moins désirable aujourd’hui - et d’avancées technologiques remarquables. A l’image de New York, les Etats-Unis donnent le vertige. Bien moins aisé et plus coûteux qu’aujourd’hui le voyage pour New York est une aventure, presque une quête pour les jeunes Français “ branchés “ dont Yves Simon est alors un parfait spécimen.