Amadou et Mariam
Amadou et Mariam sont deux artistes maliens devenus très populaires en Europe, et notamment en France au début des années 2000. Nés à Bamako, Amadou le 24 octobre 1954, Mariam le 15 avril 1958, ils sont devenus aveugles dans leur jeunesse. Accueillis à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako, ils y montent un groupe, avant de former un couple au début des années 80. Partis à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en 1986, ils s’y construisent une vie de musiciens, tournent en Afrique de l’Ouest, viennent enregistrer à Paris en 1994, puis sont invités aux Transmusicales de Rennes en 1997. Leur rencontre en 2003 avec Manu Chao, chanteur et âme de la Mano Negra, vagabond de la musique au succès intercontinental, sera décisive. De leur collaboration enthousiaste naît l’album Dimanche à Bamako, sacré album world de l’année aux Victoires de la Musique 2005.
Devenus des stars de la musique africaine vite adoptées par le public occidental, le couple a enchaîné succès et tournées, se produisant sur les scènes les plus réputées et bénéficiant de collaborations musicales prestigieuses, de Tiken Jah Fakoly à Damon Albarn, Santigold ou Bertrand Cantat.
Couverts de récompenses internationales, ils n’en ont pas moins gardé un lien très fort avec leur pays et l’Afrique, devenant les Ambassadeurs du Programme Alimentaire Mondial, bras armé de l’ONU pour lutter contre la faim dans le monde. Ces héritiers de la tradition griotte, sont très attentifs à la vie politique africaine, dénonçant l’hypocrisie et la corruption et s’investissant en faveur de la paix et des droits des femmes.
Avec Manu Chao en studio
C’est une chanson joyeuse au ton naturaliste : elle décrit avec précision et tendresse ce que sont ces jours de mariage à Bamako. On y trouve une belle collection d’instruments, des percussions à foison, des guitares maliennes (n’goni) et la kora, instrument roi des griots. On y rencontre aussi les voisins, les amis, les parents. Hommes et femmes se sont habillés avec classe et élégance, les voitures font du bruit, on rit, les enfants jouent. On parle, on bavarde, on se retrouve… et on honore les mariés. La vie dans sa belle simplicité. Lire ces paroles aujourd’hui fait regretter un temps perdu : le cliquetis des armes a pris le relai et le Mali est en proie à une guerre conduite par des extrémistes proches de Daesh, encouragés par la corruption qui règne à Bamako et la présence des troupes françaises qui n’en finissent pas de rester.
Le dimanche, on met le plus beau boubou (photo Kayes-Halima)
La kora
Cette chanson est née au Mali, pays pauvre pourtant modèle démocratique dans les années 90 mais maltraité par les plans de rigueur du FMI et chahuté par une instabilité politique qui fait le lit des fondamentalistes islamistes du Sahel. Et c’est dans une France tourmentée et secouée par les émeutes parties de Clichy-sous-Bois qu’elle rencontre un grand succès. Les sonorités world de la chanson rappellent celles des succès de Manu Chao mais se heurtent à l’air du temps, assez peu jovial. Trois ans plus tôt l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle est un choc : de mauvaises idées prennent racine qui pointent du doigt les étrangers et leurs enfants, dans un pays dont le président, Jacques Chirac, avait moqué “le bruit et l’odeur”. L’écho mondial et terrifiant, des attentats de New York en 2001 ne s’est pas tu : le monde se prépare à la guerre “contre le terrorisme”, dont chacun sent bien la forte odeur de pétrole et l’arrière plan xénophobe. Enfin, l’Europe est appelée aux urnes pour adopter une constitution européenne qui sera nettement rejetée en France : le sentiment que l’Europe se fait dans le dos des peuples domine. Les médias qui n’avaient pas ménagé leurs efforts pour que le Oui l’emporte tombent de l’armoire et on voit se creuser la confiance entre les français et la presse. Dans cette période dure, “Beau Dimanche” ne fait-elle pas figure de jolie et bienheureuse respiration et aussi d’une forme de résistance souriante et généreuse à l’air du temps, vaguement vicié et presque irrespirable ?
Automne 2005, les banlieues explosent après la mort de Zyed et Bouna, deux gosses de Clichy-sous-Bois.
Les dimanches à Bamako c'est le jour de mariage Les dimanches à Bamako c'est le jour de mariage Les dimanches à Bamako c'est le jour de mariage C'est le jour de mariage Les djembés et les…