John Winston Lennon (1940 – 1980), emblématique membre des Beatles, s’engage après leur séparation, dans une carrière solo qu’il place d’emblée sous le signe des temps, agités et contestataires. Auteur prolifique et inspiré, il est l’auteur avec son complice Paul McCartney de la plupart des chansons des Beatles, petits chefs-d’œuvres qui continuent, 60 ans plus tard de façonner nos oreilles et d’émerveiller nos sens. Entamée sous le signe d’un rock combatif, sa carrière solo est marquée par l’immense succès de “Imagine”, autre chanson pacifiste, sincère et touchante qui est aujourd’hui encore, sans doute pour longtemps, de tous les rassemblements pour la paix. En décembre 1980, alors qu’il venait de sortir un bel album apaisé, il est abattu devant chez lui à New York par un déséquilibré qui rend des millions de personnes tristes et orphelines.

“Give peace a chance” que John Lennon interprète avec sa compagne, l’artiste plasticienne Yoko Ono, est la première chanson de sa carrière solo. C’est une chanson anti-guerre et anti-militariste accompagnant une campagne de communication “The War is Over” (la guerre est finie) que Lennon déploie sur les murs de plusieurs capitales d’Europe. Elle est enregistrée lors d’un bed-in (expression dérivée du mot anglais sit-in, évoquant une forme de protestation pacifique) dans un hôtel de Montréal, avec une chorale composée d’amis du couple. Plutôt mantra que chanson, s’y répète ad libitum le refrain, après quelques couplets où Lennon joue avec la consonance comme le sens des mots qu’il fait s’entrechoquer. Plutôt déclamation que chanson, “Give peace a chance” est faite de guitares acoustiques et percussions lui conférant un rythme très entrainant. Dans le même pays le groupe donna un concert fameux, Live Peace in Toronto. Précisons qu’à l’époque le couple était la cible du FBI, d’où le Canada, plutôt que les États-Unis.

Le mouvement contre la guerre du Viet-Nam culmine aux Etats-Unis et dans le monde. Le pays de la liberté et de la modernité se couvre d’opprobre par son agression militaire, les bombardements massifs et l’emploi du napalm qui va ravager la flore, la faune et les humains de ce petit pays de l’Asie du sud-est. Cette guerre terrible commencée au début des années 60, après que la France eût elle-même été défaite à Dien Bien Phû, sera un vrai traumatisme pour les Américains, notamment la jeunesse qui ne veut pas être enrôlée ni revenir en arrière quand les années 60 lui promettent la Lune et la quiétude. De nombreux films documenteront cette période et cette guerre horrible, de “Apocalypse Now” à “Deer Hunter” (Voyage au bout de l’enfer). Cela n’aura toutefois pas suffi à vacciner ce grand pays de ses tentations hégémoniques, arrogantes et guerrières, comme les années récentes nous l’ont tristement montré.