Peinture murale de Victor Jara, Santiago de Chile (image wikipedia.org)
Víctor Lidio Jara Martínez (né en 1932 à Nuble, Chili - mort en 1973 à Santiago de Chile, Chili), homme de théâtre et chanteur chilien, autant attentif aux patrimoines musicaux de son pays qu’aux formes d’expression contemporaines. Il est nommé ambassadeur culturel du Chili par le président Allende. Il est à ce titre un des porte-paroles de la nueva cancion chilena, avec Quilapyun, Sergio Ortega et Inti Illimani. En vérité le mouvement embrase l’Amérique latine : l’Argentin Atahualpa Yupanqui, la Mexicaine Mercedes Soza, le Brésilien Caetano Veloso ou encore l’Uruguayen Daniel Viglietti en témoignent Cet artiste très engagé dans le contexte particulièrement tendu du Chili de 1970 et de l’Amérique latine en général est membre du Parti communiste chilien. Il sera tué, après que ses geôliers eussent coupé ses mains dans la foulée du coup d’Etat d’Augusto Pinochet. Il laisse une œuvre au grand lyrisme, lourde et riche du regard exigeant qu’il portait sur le monde, chargé d’espoir et de résolution.
Victor Jara chante pour la paix au Viêt Nam dans une manifestation en 1969 à Helsinki, Finlande (image Wikiwand)
Proche du poète Pablo Neruda, Jara en a partagé l’inspiration. C’est les yeux tournés vers le Viêt-Nam qu’il compose cette chanson à la tonalité universelle. Par cet ode, il exprime un soutien à ses frères de l’autre bout de la Terre et sonne aussi l’alarme dans son propre continent où la souffrance est un mal commun. Chanson pacifiste, elle revendique tout de même le droit aux Vietnamiens de se défendre par des moyens militaires. L’évocation des rizières jouxte celle des bombes et des armes chimiques déversées sur le pays par les fameux B52 et s’enchaine sur l’affirmation de l’universalité du combat pour la paix au Viêt-Nam. L’appellation familière Oncle Ho désigne le Président Ho Chi Minh, le père de l’indépendance du Viêt-Nam.
Pablo Neruda, prix Nobel de littérature, poète inspirateur de Victor Jara (Image booknode.com))
La présence nord-américaine au Viêt-Nam, entamée sous le Président Kennedy n’a cessé de s’amplifier de 1963 et s’acheva par le départ chaotique des GI’s en 1975. Elle suscita une grande opposition dans le monde, notamment aux Etats-Unis et en Amérique Latine dont les peuples remettaient en cause la domination états-unienne et celle de ses grandes sociétés telles IBM, United Fruit ou ATT. Ce mouvement pour la démocratie, particulièrement vif au Chili était bien mal vu par la CIA et les gouvernements sous son emprise. Il n’y a pas de révolution sans chanson, avait proclamé Salvador Allende, alors candidat de l’Unité Populaire, le rassemblement de la gauche, aux élections présidentielles du Chili en 1970. Les immenses manifestations qui ont secoué le pays en 2019, initiées par des protestations contre l’augmentation du prix des transports et devenues un raz de marée la démocratie ont donné raison au Compañero Presidente : elles étaient parcourues de chansons, notamment celles de Victor Jara. Ainsi, “ El derecho de vivir en paz “, écrite et composée contre la guerre du Viêt-Nam a-t-elle connu une seconde vie, transposée dans la réalité de ce Chili secoué par l’exaspération de centaines de milliers d’habitants, notamment des jeunes.
Ho Chi Minh, père de l'indépendance du Viêt Nam (image claudedupras.com)
le droit de vivre El derecho de vivir Poète Ho Chi Mi Poeta Ho Chi Mi Ce qui frappe du Vietnam Que golpea de Vietnam à toute l'humanité A toda la humanidad Aucun canon…