Née en 1949 à Boulogne-Billancourt Véronique Sanson est une des voix les plus célèbres de la chanson française contemporaine. Pianiste, autrice-compositrice-interprète elle se produit depuis les années 1970. Véritable bête de scène elle se distingue par son vibrato et sa voix claire, chaude, à l’aise dans l’aigu comme dans le grave. Influencée par le rock et la pop anglo-saxonne des années 1960, elle s’en inspire pour écrire sur l’amour, la nature, mais aussi sur des moments intimes de sa vie. Après des débuts avec Michel Berger, elle deviendra, pour le meilleur et pour le pire la compagne de Stephen Stills, méga star du rock américain, dont elle a un fils, Chris. Elle diversifie ses influences musicales, avec comme élément pivot le piano, mais sa musique reste très marquée par le rock et la soul. Distinguée de plusieurs prix (Commandeur de l’ordre des Arts et de Lettres en 2005, Grande médaille de la chanson française par l’Académie française en 2015) elle s’est un peu éloignée de la scène avant de revenir dans un halo nostalgique en 2017, suivie par des milliers de fans attendris.

En 1992, l’effondrement du communisme soviétique, met un terme à la guerre froide. Mais cela ne signifie pas la fin de l’Histoire, ni hélas des guerres, on le voit en Irak. Le mouvement chaotique du monde pousse des artistes à se préoccuper de problématiques humanitaires et sociales, et bientôt écologiques. Ce ne sont pas des artistes qui s’engagent pour des causes profondes ou politiques comme l’on fait d’autres auparavant, il s’agit d’un engagement plus philanthropique et médiatique, qui reste en surface en se basant sur la vision d’un monde coupé en deux : « nous », les prospères contre « eux », les démunis. Sur ce modèle on peut citer le Live Aid ou la chanson « We Are The World » de USA For Africa qui réunit de fameux chanteurs américains en 1985 pour soulever des fonds contre la famine en Ethiopie. Ce changement d’échelle doit beaucoup au changement de statut des artistes dont la voix porte désormais beaucoup plus grâce aux médias.

Cette chanson s’inscrit dans son temps : elle repose sur une rythmique, un riff et des sonorités typiques des années 1980-1990. Véronique Sanson y fait l’apologie de la préservation de l’eau ressource indispensable et possible source de conflits. L’eau ici est salvatrice, c’est l’eau des océans, l’eau qu’on boit, l’eau qui procure la vie. On retrouve cet engagement philanthropique typique de cette période, généreux et plein de bonnes intentions. Engagement certes en demi-teinte, mais Véronique Sanson n’est pas une artiste politique comme le sont d’autres à cette époque, ce qui n’enlève rien à l’efficacité de la chanson et l’intérêt du message. Pour accompagner ce thème sont exploités les sons électriques au cœur du rock de cette époque. Des guitares électriques, des cuivres, un synthétiseur, une voix avec des effet d’échos parfois et la batterie qui claque comme une pulsation cardiaque : on est un plein dans la musique des années 1990 !