Serge Gainsbourg en 1981. Crédits Claude Truong-Ngoc.
Pianiste de bar, avant-gardiste par nature, séducteur sous nicotine, poète décoiffé, peintre élégant, rimeur débraillé, esthète titubant, bretteur cultivé, réalisateur, exhibitionniste pudique, recycleur de tendances, provoc’acteur, mégalo mélo-maniaque, publicitaire, visionnaire, flambeur de bifton de 500 balles pour l’audiovisuelle éternité, père spirituel pour au moins dix générations d’artistes présents et à venir… Serge Gainsbourg est un personnage emblématique de la Chanson française, des années 1950 jusqu’aux années 1980.
Mai 1979 : Margaret Thatcher est élue Première ministre de la Grande Bretagne.
La fin des années 70 marque un tournant : les rêves de changement ont tourné court avec le cri désespéré des punks, « No future » et la fermeture des mines et des hauts fourneaux. Russes et américains réchauffent la guerre froide et on est à deux doigts de la guerre des étoiles, la vraie… Mais certains progrès de la science et de la médecine rendent optimiste. Cependant, on commence à penser que la chic planète ne tiendra pas le choc, la nature est trop maltraitée. Tristesse nationale : la mort de Claude François en 1978 plonge ses fans dans le désarroi et la variété perd un de ses meilleurs représentants. Mais dans les clubs, le disco est à son apogée, la new wave anglaise arrive et avec « Rapper’s Delight » le rap fait ses premiers pas.
La pochette de l’album Aux Armes et caetera, sorti en 1979 chez Philips.
Deux siècles après son écriture, en 1979, Serge Gainsbourg conçoit une version détonante et provocatrice de « La Marseillaise ». Sur une instrumentation reggae aux parfums jamaïcains enregistrée à Kingston (capitale de la Jamaïque) on entend le chanteur reprendre les paroles de Rouget de Lisle d’une voix nonchalante. Le refrain réduit à son premier vers, est répété plusieurs fois par des chœurs féminins. Forcément, les paroles belliqueuses de la chanson originale détonnent avec cette instrumentation détendue. Sur le plateau du JT de 20h le jour de la sortie de la chanson, Gainsbourg répond au journaliste Gérard Holtz : « C’est pas des dents que ça fera grincer, c’est des dentiers ! ». Comme prévu, scandale chez les conservateurs, la chanson fait couler beaucoup d’encre. On accuse Gainsbourg dans le Figaro d’avoir fait « une profanation pure et simple de […] ce que nous avons de plus sacré ». Pourtant, le “et caetera” tant décrié, n’est que la citation minutieuse de ce qu’avait écrit l’auteur sur sa partition, afin de ne pas réécrire chaque refrain en entier.
Liberté liberté chérieL’art de la provocation en musique par Gainsbourg
Allons enfant de la patrie Le jour de gloire est arrivé Contre nous de la tyrannie L'étendard sanglant est levé Aux armes et caetera Entendez-vous dans les campagnes Mugir ces féroces…
Les paroles de la « Marseillaise » divisent les esprits, 200 ans après son écriture. Sorties du contexte de la Révolution française, elles paraissent très violentes, crues, et belliqueuses. Graeme Allwright, un artiste Néo-Zélandais a décidé de changer les paroles pour leur donner du sens dans le contexte actuel.