Django Reinhardt et Stéphane Grapelli via Thought on Tracks.
Pionnier génial du jazz-manouche, Django Reinhardt naît en 1910 en Belgique dans la roulotte d’une famille de Roms. Jeunesse tumultueuse traversée de ses voyages à travers l’Europe où sévit la Première guerre mondiale, Django s’initie à la musique avec le violon, le banjo-guitare puis la guitare sur laquelle il acquiert une dextérité hors du commun.
Dans les années 1930, Django rencontre le violoniste Stéphane Grappelli dans l’orchestre qui anime les thés dansant de l’hôtel parisien Claridge. Ils fondent ensemble le Quintette du Hot Club de France dans lequel on trouve trois guitares, une contrebasse et un violon. Très vite le groupe conquiert son public, charmé par ce divin mélange de jazz et de style manouche. Le Quintette s’en va en tournée dans l’Europe et enregistre quelques disques. La Seconde guerre mondiale éclate et perturbe cet essor musical : le Quintette continuera à exister mais avec des membres différents.
Django reste animé par le même amour pour la musique, il compose après la guerre son Requiem à mes frères tsiganes qu’il fait jouer à la chapelle de l’Institut des jeunes aveugles de Paris. La partition est égarée, et l’unique concert n’a pas été enregistré. En 2017, Etienne Comar réalise Django, qui se termine avec la scène du concert, la musique ayant été imaginée par Warren Elis.
Le Général Charles de Gaulle défilant le 26 août 1944 sur les Champs Elysées, Crédits Imperial War Museum.
Août 1944 : c’est la Libération de Paris. La Seconde guerre mondiale s’achève par la victoire des forces alliées qui, ont débarqué en Normandie en juin 1944 après que la bataille de Stalingrad eut entamé dès 1943 la suprématie nazie. Le 8 mai 1945, l’Allemagne nazie capitule, le Général de Gaulle est au pouvoir et le Conseil national de la Résistance met en œuvre son programme conçu dans la clandestinité… Il est grand temps de se relever après des années de vie dans la peur, la restriction et l’occupation allemande. Explosion de joie dans l’hexagone, place à la fête !
La pochette d’un album du Quintette du Hot Club de France, sorti en 1964 chez Ace Of Clubs.
Le titre est dû à son enregistrement en Angleterre. Ici, le Quintette du Hot Club de France nous offre une version légère, sautillante et festive de l’hymne français, sur laquelle nous pouvons facilement nous laisser entraîner par la danse. Une jolie métaphore pour la liberté musicale d’un genre nouveau et avide d’improvisation et de partage : le jazz manouche ! Mais est-ce une fête des retrouvailles avec une France libérée ou un outrage à son hymne national ? Les avis sont partagés. En 1946, « Echoes of France » fait scandale et la matrice est détruite.
Dans l’introduction, nous entendons la mélodie de « La Marseillaise » jouée au violon et accompagnée par la contrebasse et les guitares, sur un rythme lent. Puis cadence et Django entre en scène : il se lance dans une improvisation jazzy et danse sur le manche de sa guitare. La « Marseillaise » reprend, cette foi sur un rythme plus rapide et entraînant. Stéphane Grapelli ne reste pas cantonné à la mélodie originelle et se permet des envolées lyriques. Violon et guitare jouent entre eux et se prêtent la parole tour à tour, l’hymne est dissimulé et fait place à un moment de liberté et de swing.
« La Marseillaise » est citée dans l’introduction d’un tube du groupe anglais The Beatles sorti en 1967. Pourquoi avoir choisi cette mélodie dans une chanson qui est devenue un hymne à l’amour et symbole du flower power dans le monde entier ?