Une chanson, c’est des mots et de la musique. Intéressons-nous ici aux mots et à ce que l’on peut en faire quand ils sont mis en musique : notes, voix, syllabes et sons s’entremêlent… Et la richesse du langage va vous étonner. Bienvenue dans cette balade au cœur de cinq chansons aux mots délirants, explosifs, dérangeants, sautillants. Écoutons ces chanteurs qui jouent avec les sonorités et les figures de styles, qui écrivent leur texte comme des notes de musique. Découvrez avec nous la virtuosité vocale des Double Six, l’énergie pétillante et colorée de Gainsbourg et Bardot, entrez dans la danse frénétique de Minvielle, dégustez la douce voix de Camille et le flow de Grand Corps Malade. Bon voyage !
Image d’illustration : Jelleke Vanooteghem via Unsplash
Image d’en-tête : Raphael Schaller via Unsplash
Une chanson, c’est des mots et de la musique. Tout comme l’on peut jouer avec les notes de musique, nombreux sont ceux qui s’amusent avec les mots, les sonorités, leurs associations… Partons explorer cinq chansons aux drôles de mots en commençant par ce tube des Double Six sorti en 1962. Leur virtuosité vocale va vous laisser sans voix !
Composé de 6 chanteurs, Double Six, le plus époustouflant groupe de jazz vocal européen connut au début des années 1960 une carrière brève mais magistrale. De futures grandes pointures du jazz français, comme Eddy Louiss ou Bernard Lubat, s’y firent remarquer. Mais l’âme du groupe était d’abord la chanteuse Mimi Perrin qui, travail de titan, adaptait en français les grands standards du jazz américain avec des textes plein d’humour, délirants et diaboliquement précis.
L'orchestre du 803ème régiment de Pionniers, photographié à Chambéry le 18 mars 1919 (Jazzedit via RFI)
Le jazz est une musique inventée aux États-Unis par des musiciens noirs au début du XXème siècle, principalement marquée par l’improvisation et nourrie des apports croisés de la musique africaine et de la musique européenne. D’abord musique des pauvres, des exclus et des marginaux, le jazz devient de plus en plus populaire et mondial. En Europe et en France, il est à son aise : de nombreux musiciens américains s’y installent dès la fin de la Première Guerre mondiale et une « scène française » émerge. On pense ainsi à Django Reinhardt, virtuose du jazz manouche dès les années 1930, à Sacha Distel, et, dans les années 1960, aux Double Six.
Pochette de vinyle de l’album « The Double Six of Paris » sorti en 1961 (via CDandLP.com)
Le groupe Double Six enregistra 4 albums en un peu plus de cinq ans d’existence. Pilotés par Quincy Jones, immense arrangeur de jazz, plus tard producteur de Michael Jackson, ils sortent l’album The Double Six of Paris : Swingin’ Singin en 1962, entièrement dédié à la reprise au chant de grands standards du swing sous la forme de vocalese.
« Tickle Toe » est d’abord un morceau composé par le saxophoniste Lester Young dans les années 1930. Les Double Six offrent une version drôle et poétique en swinguant sur les strophes imaginées par la très inventive Mimi Perrin. Les notes des instruments deviennent des syllabes, puis des mots et des phrases dont les sonorités rappellent celles de la trompette et du saxophone. Les voix imitent à merveille et en français le sax ténor joué, à l’origine, par Frank Foster et les trompettes de Joe Newman.
Faufile-toi voyou, pas d'affolement, viens dans la foule et tout ira, va."Tickle Toe", une histoire de gangsters en vocalese.
SAXES : Faufile-toi voyou, pas d'affolement, viens dans la foule et tout ira, va. TROMPETTES : Perds pas d'temps. SAXES : Cours à toute allure, mon ami, sur la pointe des pieds tu t'en iras,…
SAXES : Faufile-toi voyou, pas d'affolement, viens dans la foule et tout ira, va. TROMPETTES : Perds pas d'temps. SAXES : Cours à toute allure, mon ami, sur la pointe des pieds tu t'en iras, là.…