Pour terminer ce voyage au cœur des chansons aux drôles de mots, entrons dans l’univers de Grand Corps Malade où le basket et le slam s’entremêlent jusqu’à se confondre. Vous ne voyez pas le rapport ? Un peu de patience…
Dessin de Grand Corps Malade par Maryse Garel à l’encre de Chine.
La vie de Fabien Marsaud s’écrit comme un film. Enfance sans histoire dans cette bonne vieille banlieue de Saint-Denis. Il a deux passions, le sport et les mots. Mais la première le pousse dans une tragédie : un accident terrible manque de le briser; mais le Grand Corps Malade trouve en lui-même les ressources pour renaître. A coup de volonté, il surmonte ses blessures. Sa voix grave soutiendra désormais son évident talent pour dire les joies et souffrances de la vie; la sienne, les nôtres. De festivals en ateliers, il fait découvrir le slam à des auditoires toujours plus attentifs. En 2006 quand sort son premier album, l’histoire tourne au conte de fées: le voici en tête des meilleures ventes de disques… toutes catégories confondues. Sa sincérité, son authenticité, bouleversent le plus large public.
Manifestation pour le Climat à Bordeaux en octobre 2018. (Crédits NICOLAS TUCAT / AFP.)
Une année marquée par un contexte géopolitique toujours aussi instable où les tensions sociales et internationales ne faiblissent pas (Jeux Olympiques à Pyeongchang en Corée du sud, tensions avec la Corée du nord), réélection de Poutine en Russie, fin de l’ère Castro à Cuba, premières élections législatives en Irak depuis le départ de l’État Islamique…Tout ceci sur un fond de manifestations contre le réchauffement climatique qui est de plus en plus visible. Pour égayer un peu le tableau, n’oublions pas que la France est championne du monde de football !
L’album Plan B est le sixième de Grand Corps Malade. Il sort en février 2018.
Grand Corps Malade a toujours connu un double amour pour les mots et pour le basket, qu’il a pratiqué à Saint-Denis et Aubervilliers. Dans « La syllabe au rebond », il allie les deux et joue avec les musicalités et les sonorités des mots comme il pouvait le faire avec un ballon. Grand Corps Malade raconte ici comment il a trouvé un nouveau sens à sa vie dans les mots grâce au slam, quand il ne pouvait plus jouer au basket suite à son accident. Les champs lexicaux du basket et du slam sont exploités, et les deux univers confrontés : on se trouve face à une écriture très poétique et complexe. Les mots sautillent, rebondissent, s’entremêlent au creux de l’oreille. La diction est parfaite, tout est pensé. Le parallèle entre slam et basket résonne comme un hommage à cette passion qu’il a dû abandonner. Par son brio, Grand Corps Malade parvient à nous rendre évidents les liens entre ce sport et ce genre musical.
On entend dans l’introduction les crissements des chaussures sur un terrain de basket se mêler aux cris des spectateurs et au sifflet de l’arbitre : nous sommes assis dans les gradins d’un match de basket, invités dans l’intimité du passé de Grand Corps Malade. L’entrée du riff d’une guitare sèche précède celle de la voix de Grand Corps Malade. Le slam est accompagné d’un beat simple, et d’une autre guitare pour les refrains. Comme le genre du slam l’exige, priorité aux mots et non à la musique qui les entoure. L’instrumentation reste simple et efficace, les rythmes aux guitares évoquent eux aussi le motif du rebond.
Plus de ballon, les bras ballants, mais des histoires à balancerLe slam : un remède au manque du basket.
Après l'époque du ballon, j'ai cherché un temps pas long Puis j'ai quitté mon salon pour bien voir c'que nous valons Alors j'ai posé des jalons, dans l'son, j'ai pris du galon Parlons peu, slamons…