Au Panthéon de la danse, les étranges Daft Punk ont une place de choix : depuis qu’un journaliste les a traités de punk idiots ils n’ont cessé en toute indépendance, tapis dans leur home studio, de repérer les beats et les sonorités avec lesquelles ils allaient enivrer la France puis le monde. « Lose Yourself To Dance » un de leurs titres les plus récents et son clin d’œil aux années disco témoignent de leur talent.
Daft Punk, un duo qui avance masqué et qui produit des clones (Crédits photo : Ehimetalor Unuabona via Unsplash).
Héros et hérauts de la French Touch, les énigmatiques Daft Punk ne sont pas comme leurs ainés des DJ charismatiques, mais plutôt des alchimistes du son. Tapis au fond de leur studio dont ils connaissent à fond la moindre machine, ils n’en sortent que pour enflammer des dance floors dont ils sont devenus de sacrées divinités à la vitesse de la lumière. Actifs depuis 1993, Thomas Bengalter et Guy-Manuel de Homem-Christo sont les figures le plus célèbres et les mieux cachées de la scène contemporaine. Dissimulés derrière des casques comme sortis d’un épisode Star Wars, ils incarnent bien cette musique où électro-rock et house se mêlent pour des transes pouvant durer des heures. Un premier album, Homework sorti en 1997, les propulse en quelques mois sur une scène internationale qu’ils ne quitteront plus. Entre polémiques et louanges, énigme et mystère ils poursuivent une carrière majeure, se produisant avec les plus grands, de Pharrell Williams à Stevie Wonder. Les deux compères continueront-ils à donner régulièrement le ton de la mode à venir après leur séparation en 2021 ?
Ce titre et son invitation lascive à lâcher prise, à prendre un peu de bon temps et “se perdre dans la danse” dit bien notre époque où la compétition, la course, le rendement fondent la norme à laquelle on nous somme de nous conformer. La montée en charge du monde numérique, celui des GAFAM* et notre mise sous algorithme permanent, ouvre-t-elle l’ère de l’extension infinie de la satisfaction de nos désirs ou celle de notre conditionnement intégral ? Oublie ça et danse !
Ce titre épatant est issu de Random Access Memories, album paru en 2013, dont le nom joue avec la fameuse RAM, la mémoire vive et volatile de nos ordinateurs. Pour le coup, avec la présence de l’inestimable Nile Rodgers, le guitariste patron de Chic cette formation new yorkaise qui réinventa la soul, le disco et tout le reste au début des années 80, et résolument tourné vers la danse, cet album fait bien appel à notre mémoire, celle des sens sollicités en permanence. Sur ce titre, l’autre incroyable du moment, Pharrell Williams vient chanter son bonheur et sa chance de jouer avec les parisiens internationaux… Rythmique implacable, montées chromatiques, voix haut perchée, guitares rutilantes : tout est réuni pour s’oublier sur le dance floor…Cet album leur vaudra encore plus de reconnaissance internationale, remportant cinq Grammy Awards en 2014.