Danse encore et toujours ! L’immense pénétration de nos musiques par l’électro rend compte de la mondialisation de nos musiques, du désir de partager ensemble des sensations et de mettre le corps au diapason de l’humeur. Les vagues se succèdent et se passent le témoin sur le dance floor. Un exemple de choix : le duo Justice qui fait partie de la seconde vague de la French Touch.
La croix de Justice. Emblème du duo, la croix est aussi le titre de leur premier album † sorti en 2007 (qu'il faut prononcer "Cross" en anglais).
En 2007, ce duo (encore un duo !!) parisien relance les dés de la French Touch. Surplombés par une croix qui devient leur signature, Gaspard Augé et Xavier de Rosnay, tous deux issus du graphisme font un premier EP, Sure You Will, sur le label de Daft Punk, Ed Banger Records. Expert en remixes et en samples témoignant d’une très vaste culture musicale davantage issue du rock, de la funk et du métal que de l’électro, Justice enflamme les dancefloor à partir de 2006. Ce succès témoigne d’un renouvellement du genre électro revenu vers des sonorités plus dures et rêches. De nombreuses nominations aux MTV awards ou aux Victoires de la Musique et de prestigieuses collaborations assoient la réputation du groupe. Courtisés par le monde de la pub, du jeu vidéo - on les entend dans Grand Theft Auto IV - et du cinéma, le duo publie des clips frappants, dont Stress objet d’une vive polémique pour son caractère violent en 2008. Une tournée mondiale en 2012 a confirmé un statut de stars acquis à la vitesse de l’électron ! En 2019 est sorti Woman, troisième album de la formation.
Un pied dans le monde de la musique l’autre dans l’underground, Justice vient remettre du neuf dans un monde de l’électro largement légitimé par les ventes de disques record et la couverture média de ses people planétaires. Dans l’ombre, de nouveaux acteurs fourbissent leurs armes. Liés au collectif Kourtrajmé, vidéastes de banlieue, activistes aux convictions forgées pendant les émeutes de 2005 à Clichy-sous-Bois, ils font entrer, non sans polémiques, un autre pan du réel dont ils installent les formes tant sur les dancefloors que dans les images de leurs clips. Au glam scintillant d’un David Guetta répond la morgue terne de Justice, celle d’une génération désabusée et rétive aux codes en vigueur de la consommation de masse, mais qui en connaît bien toutes les arcanes. Et sait en profiter.
Tant dans sa musique que dans son clip, ce titre très dansant est un grand remixe des influences de Justice ou des clin d’œil que le groupe a envie de faire : Michael Jackson (enfant et grand enfant), les Jackson Five, à travers plusieurs de leurs titres emblématiques, Britney Spears et Madonna sont au menu de la musique via une chorale enfantine tandis que le clip nous offre une originale revue de parti pris graphiques révélant les paroles qui composent le titre, comme les proclamations qu’inspirent à Justice l’amour irraisonné de la danse mis ici à l’honneur. Belle réussite.