Voici la chanson la plus singulière par son message de notre parcours. Alors que les précédentes expriment une plainte plus ou moins sanglotante sur le temps qui passe, « 60 années » du rappeur belge Damso est plutôt une succession de conseils pour profiter de la vie qui « ne fait que 60 années ». Et si, finalement, le temps qui s’écoule n’était pas une impasse au bonheur ?
Damso au festival Les Vieilles Charrues en 2018
Damso est un rappeur belge né en 1992 à Kinshasa, au Congo. Longtemps sous l’aile de Booba, il se fait connaître du grand public grâce à une collaboration avec le « Duc de Boulogne » sur l’album Nero Némésis. Son couplet sur ce morceau est salué par le public rap, qui voit avec enthousiasme ce jeune et talentueux rappeur faire ses premiers pas dans la lumière. Trois albums plus tard et un quatrième, QALF sortie en 2020 qui casse la baraque, Damso s’est imposé comme un pilier du nouveau rap francophone.
Sa manière de poser sur des prods souvent très élaborées, sa capacité à alterner différents flows et ses textes crus, sombres et réfléchis ont conquis nombre de fans de rap. Même s’il n’a pas sorti de projet depuis 2018, Damso a su ne pas se faire oublier grâce à des collaborations avec Orelsan, Nekfeu, 404 Billy et Hamza, entretenant sur les réseaux sociaux une relation conflictuelle avec son ancien mentor, Booba.
Tout-en-un, le rap des années 2010 : prod, autotune, image, streaming et réseaux sociaux (Crédits : Kal Visuals, via Unsplash)
Au début des années 2000, l’arrivée du téléchargement met à terre l’industrie du disque. Les ventes s’écroulent, plus personne ne veut mettre un billet sur les artistes pour produire de nouveaux albums. Le rap mettra plus de dix ans à se relever pour finalement régner en maître sur le monde musical. Comment ? Grâce à son public, très jeune. Les jeunes n’ont pas trop les moyens de s’offrir des CD mais n’hésitent pas à pirater les albums et continuent d’écouter massivement du rap. Dans les années 2000, le rap restait donc très populaire mais en souterrain. Avec l’arrivée du streaming, voient le jour de nouveaux modes d’écoute et c’est l’explosion. Maintenant ce qui compte c’est le nombre d’écoutes d’un morceau. Parfait. Avec un public jeune, populaire, fan, qui passe plus de 8h par jour à écouter des sons en boucle sur des plateformes de streaming, le rap croque. Il a su adapter son mode de production, plus facile, plus léger et connecté à sa base. Désormais, les artistes pèsent dans le « game » et mettent toute l’industrie musicale au diapason. Pour combien de temps ?
Damso rappe sur un instrumental composé uniquement de synthétiseurs et d’une boite à rythme qui suggèrent l’écoulement du temps, le mouvement des aiguilles. Ce titre est beaucoup plus chanté que la majorité des sons de « Dem’s ». En parfaite symbiose avec la prod, il chante posément, avec l’autotune qui donne ce timbre métallique si caractéristique du rap contemporain. Si le thème est bien le temps qui s’écoule, Damso, à rebours de toute mélancolie, y livre une méditation sur ce que veut dire profiter de la vie. Le fait que les jours de chaque humain soient comptés est une raison pour ne pas se fixer de limite et vivre à fond nos « 60 années ». Mais que veut dire « à fond » ? Il s’inclut dans le lot et l’on comprend que lui même se blâme d’avoir du mal à vivre sans complexe. Message optimiste à la clef : nous ne devons pas nous angoisser du temps qui passe mais faire de ces angoisses une force, pour nous pousser à vivre à 100% et à mourir en ayant réalisé nos rêves, ou du moins tous ceux qui sont à notre portée.
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Avec ce morceau, Mariscal a choisi le sujet du temps, central dans l’existence et inspirant pour grand nombre d’artistes. Cette thématique aux interprétations multiples s’intègre à une balade chanson-folk imprégnée d’émotions. La forte présence des cordes graves à la guitare et le son du piano évoquent des musiciens emblématiques de la scène folk tels que Fink ou Sufjan Stevens. D’une voix claire et délicate, Mariscal dévoile une chanson à la mélodie éthérée et précise. Les notes de piano, qui suivent fidèlement la mélodie à la voix, accentuent la puissance des mots et du texte. En parallèle, l’arrivée des instruments à vent et cymbales constituent une orchestration harmonieuse et percutante. À l’évidence, ce titre, par sa poésie et le sujet universel qu’il porte, apparaît comme une véritable poésie sonore. Un instant musical en suspens qui laisse oublier le temps d’un instant, que, comme l’évoquent les paroles, « le temps défile ».