Les Ogres de Barback, sur scène (crédits : Marion Jongle & Joot Prod)
Les « Ogres » ont faim de musique et de chansons depuis leur apparition en 1994. Sam, Fred, Alice et Mathilde Burguière, 2 garçons, 2 filles, des frères et soeurs à l’univers bordélique et joyeux. Les Ogres de Barback sont d’étranges troubadours modernes, étonnamment sympathiques et brillants. Chacun d’eux multi-instrumentiste, passe de l’épinette des Vosges au violoncelle, de la trompette à l’accordéon, du tuba au piano. Ensemble ils puisent leur inspiration chez les vieux d’avant-guerre, les rockers indépendants, les rappeurs, les manouches, les fanfares, la folk, inventant une musique populaire à la fois moderne et pleine de racines qui ne laisse pas indifférent.
Une plage de Bretagne victime par la marée noire provoquée par le naufrage de l’Erika. L’écologie, une urgence d’hier et d’aujourd’hui !
L’an 2000 approche, les peurs de fin du monde reviennent et on y croirait presque : marée noire provoquée par le naufrage du pétrolier « Erika » en décembre 1999 et tempête monstre à Noël. Les pays de l’Union Européenne abandonnent leurs monnaies (franc, mark, peseta, lire) pour une nouvelle, unique cette fois : l’euro. Côté musique, comédie musicale « Notre-Dame-de Paris » est le succès de l’année. La fin du siècle est morose. Après deux Guerres mondiales, une guerre froide, le chômage… on attend mieux de l’an 2000. Un peu de poésie peut-être ?
Sautillante et enjouée, la ronde des instruments se déroule de couplet en refrain à en faire tourner la tête. Fred chante à toute allure. Les instruments sont nombreux : guitare, flûte traversière, trombone, trompette et contrebasse. Ils dessinent, sur la fin, un thème aux sonorités balkaniques bien enlevées. Le fond anarchiste des chansons des Ogres des Barback éclate ici en pleine lumière : la grand mère du titre a du tempérament et des convictions solidement accrochées. On la devine un poil libertaire, franchement antimilitariste et allergique à toute forme d’autorité. Dans le dernier couplet, elle accueille avec malice et humour tous les pourchassés et exclus de la société. Et si, dans le fond, c’était ça la Résistance aujourd’hui ?
J'vous préviens qu'si y'a la guerre, arrêtez-moi tout de suite Venez voir dans mes affaires, dans mon logement, dans ma suite, y'aura deux trois déserteurs, des polissons réformés, qui…
Charles Trenet sort profondément marqué de la Seconde Guerre mondiale et de l’Occupation, période durant laquelle il n’aura pas cessé de chanter. Il écrit et compose “ Mes jeunes années “ pour les Compagnons de la Chanson, un ensemble vocal formé dans les années 40, qu’il rencontre au Canada. Celui qu’on appelait à ses débuts le “ Fou chantant “ choisit alors convoquer le souvenir de sa région natale et nous emmène parcourir avec nostalgie les paysages vallonnés et verdoyants des Pyrénées d’avant-guerre. Féérique et enchanteresse, cette ballade presque amoureuse, dédiée à la faune et la flore idylliques des montagnes du sud-ouest de la France, invite à se perdre sur des sentiers rocailleux à la rencontre de fleurs, bergers et ruisseaux. Avec un don infini pour la poésie, Charles Trenet fait chanter vent et cascades, et semble figer dans l’espace et le temps la beauté des paysages pastoraux de son enfance, libre. Sous cette splendeur utopique se cache toutefois la mélancolie de son conteur, le piano et la harpe qui accompagnent son chant laissent deviner le regret d’une époque à jamais révolue pour Charles Trenet et sa génération qui a vécu les horreurs de la guerre.
Lorsque les Compagnons de la chanson chantent ce morceau, il se teinte d’autres couleurs, plus chatoyantes et leurs huit voix, tantôt à l’unisson ou en canon étendent à l’infini la douceur de ces “jeunes années”.