De l’après-guerre à nos jours, offrons-nous un rapide survol des grandes ambiances musicales qui ont forgé nos cultures urbaines et électriques. On y croise les modes, les évolutions profondes de la société, bousculant cinquante années de chanson française… L’inverse étant également vrai.
Prenons la machine à remonter le temps. Retour en 1945: on sait alors faire sauter une bombe atomique… mais il faut patienter dix ans pour obtenir un téléphone! Pas de lave-linge ni de salle de bains dans la plupart des foyers. Les téléviseurs ne captent qu’une seule chaîne. Programmes en noir et blanc. Jusqu’au début de “fifties”, on ne sait guère préoccupé de “la jeunesse”. Mais aux USA, des acteurs (James Dean, Marlon Brando), les premiers chanteurs de rock (Elvis Presley, Roy Orbison) expriment les malaises et aspiration de la jeune génération. Très vite, celle-ci propose de nouveaux codes au cinéma, à la télé, dans les disques. Bientôt une véritable épidémie révolutionnera les arts et cultures au niveau mondial.
Pour l’heure la France ignore ce qui se prépare. A Paris, les caves de Saint-Germai-des-Prés accueillent plutôt des jazzmen américains, Louis Amrstrong, Lionel Hampton, ou ce jeune prodige de la trompette qui a pour nom Miles Davis. Léo Ferré, Juliette Gréco, Charles Aznavour, Serge Gainsbourg, Boris Vian: de nombreux interprètes se nourrissent des influences du jazz. D’autres, comme Jean Constantin, lorgnent vers les rythmes mambo, cha-cha, cubain.
Dévasté par la guerre, la France a d’abord dû se reconstruire. La majorité des gens vivaient à la campagne. Ils rejoignent les grandes cités pour y trouver du travail. On y accueille (plu ou moins bien) les travailleurs venus des provinces, mais aussi du Portugal, du Maghreb ou d’ailleurs. Ceux-là sont les parents et grands-parents de “la France de Demain”. Celle d’aujourd’hui.
La chanson française populaire évoque des aspirations positives. On chante le bonheur, l’amour, les beaux sentiments. Les interprètes traditionnels (André Claveau, chanteur préféré de bien des dames) empruntent les voies de la ritournelles. L’opérette plaît beaucoup, ses stars sont Luis Mariano et Dario Moreno. La chanson réaliste, appréciée avant-guerre, a toujours ses défenseurs, souvent des femmes aux voix vibrantes et émouvantes: Edith Piaf, Patachou, Catherine Sauvage.
Malgré la fin des horreus du deuxième conflit mondial, le sang coule toujours. Guerres d’indépendance, guerre dite “froide” entre les deux super-puissances (l’URSS et ses alliés face aux USA)… La course à l’armement nucléaire tourne la tête des grandes nations. Voilà pourquoi naît aussi dans cette période une chanson française volontiers contestataire. Les chanteurs à texte de la rive gauche, Léoio Ferré, Yves Montand, Boris Vian, Georges Brassens, Mouloudji, ont tous une même cible favorite: les militaires.
C’est l’époque où Raymond Levesque chante au Canada “quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère”.
Chante, poète! Même si c’est dans le désert…