Aimer, c’est être un peu dans sa bulle, ne penser à rien d’autre qu’à l’autre, qu’à lui tenir la main, l’embrasser, rire ensemble… n’en déplaise aux passants ! Bref, le regard des autres, on s’en fiche… et ça, ça plait bien à Georges Brassens.
Portrait de Georges Brassens par XXX
Né en 1921 à Sète, très beau port de l’Hérault dans le Sud de la France, Georges Brassens, génial fabuliste bougon à l’accent roulant, fait partie des artistes français incontournables et intemporels. Ce grand timide est autodidacte et n’aime pas parler de ses chansons… pas très vendeur pour un chanteur ! Pourtant, il sort de l’ombre au début des années 1950 grâce à la pétillante Patachou, figure de la chanson et du Tout-Paris qui ouvre son cabaret aux artistes de talent encore méconnus. Celle-ci adopte Georges Brassens et le pousse à jouer sur scène et c’est un succès. Son style fait mouche comme sa moustache fait son style. Sa poésie rustique repose sur des mélodies simples et plonge de profondes racines dans l’histoire musicale et littéraire de la France et de la Méditerranée. Son répertoire très cultivé interroge les grands thèmes que sont l’amour, la liberté, l’amitié, la crédulité… toujours avec une morale aux accents libertaires à rebours des normes et de la morale ! Accompagné de sa guitare, il a su s’imposer auprès des amoureux de la belle langue avec son phrasé unique, ses histoires authentiques et caustiques. Georges Brassens s’éteint en 1981 et ses chansons entrent dans l’Histoire.
Façade du cabaret Chez Patachou, rue du Mont-Cenis à Paris, qui ferma ses portes dans les années 1970. Source : http://plug-inn.fr
Patachou, Patachou… un drôle de nom pour un sacré brin de femme ! Avant tout chanteuse, elle n’a jamais cherché à devenir une vedette, mais se décrit plutôt comme une découvreuse de talents. En 1950, elle ouvre son propre cabaret à Montmartre. Ici, un grand nombre d’auteurs, à l’époque boudés par le grand public, y trouvèrent une scène comme dans les nombreux autres cabarets qui font de Montmartre, le quartier de la fête et des artistes. Citons les célèbres Au Lapin Agile, ouvert en 1860 et toujours en activité, Chez ma cousine créé en 1928 ou encore le sulfureux Madame Arthur, ouvert en 1946. Les années 1950, c’est l’âge d’or de ces lieux populaires et vivants, à la fois restaurants, bistrots, salles de spectacle, où de nombreux artistes, désormais classiques du patrimoine de la chanson française, se sont fait connaître : Georges Brassens, Edith Piaf, Jacques Brel… et bien d’autres encore.
Provocant et irrévérencieux, Georges Brassens est aussi un amoureux des femmes, surtout celles des autres lui qui est opposé au mariage ! S’il n’aime pas se caser (enfin jusqu’à ce qu’il rencontre le grand amour de sa vie, Joha Heiman), il aime être amoureux. Le chanteur pose un regard assez tendre sur les jeunes amoureux dans ce morceau. Ici, Brassens se moque de ceux qui s’offusquent si facilement du comportement amoureux un peu trop démonstratif des tourtereaux. Ces derniers n’en ont que faire, car quand on aime, on oublie ce qui est autour de nous. C’est bien la patte du poète chansonnier : ridiculiser la morale bourgeoise, tout en défendant la liberté de vivre et d’aimer comme on l’entend. L’accompagnement à la guitare, sans fioriture, sous des airs de gentille ballade, renforce la portée des paroles. Ce morceau, joué chez Patachou, sera le premier succès populaire de Georges Brassens. D’autres suivront, plus impertinents…
Il ne faut pas qu'au moyen d'artifices musicaux (cuivres, orchestration...) je détourne l'attention du texte. Il faut que mes chansons aient l’air d’être parlées, il faut que ceux qui m’entendent croient que je parle, croient que je ne sais pas chanter, que je fais des petites musiquettes faciles.Georges Brassens, extrait d’un entretien avec Philippe Nemo pour France Culture, 1979
Les gens qui voient de travers pensent que les bancs verts Qu'on voit sur les trottoirs Sont faits pour les impotents ou les ventripotents Mais c'est une absurdité car à la vérité, ils sont là c'est…