Être amoureux, surtout quand on est deux, c’est risquer de devenir un peu fleur bleue, un peu gnan-gnan… ce qui a le don d’agacer certaines personnes comme la chanteuse Anaïs. Et cette forte tête ne se prive pas pour le faire savoir !
Anaïs en concert, 2006 (Crédits : Guillaume Laurent via Wikipédia)
Née en 1976 à La Tronche en Isère, Anaïs, Croze de son nom, s’est faite un joli prénom au sein de la scène française. Autrice compositrice et interprète, comédienne et véritable trublion, elle fait ses armes dans Opossum, groupe de rock qui n’a pas peur du punk et de la folk, pour ensuite s’envoler en solo. Anaïs gardera toujours un esprit « Do It Yourself ». Son premier spectacle, qui deviendra son premier album, est baptisé The Cheap Show. « Cheap », bon marché et autoproduit, ce show révèle Anaïs au grand public. Elle est seule en scène avec une guitare acoustique. Bref dans le plus simple appareil. C’est là qu’elle déploie une grande palette de situations et de personnages tous aussi drôles que bien vus. Le style d’Anaïs pique là ou il faut, son humour fait mouche, mais la musicienne n’a pas à rougir de son parcours. En 2006 et 2007, elle est deux fois nommée aux Victoires de la musique. En 2012, elle reçoit le Prix Francis Lemarque de la Sacem qui salue son travail d’écriture. Anaïs gardera toujours un fougueux esprit indépendant comme le montre son dernier album en date, HellNo Kitty, paru en 2014.
S’asseoir à la terrasse d’un café et regarder les gens passer… quoi de plus simple ? (Crédits : Teo Zac via Unsplash)
Au début des années 2000, une nouvelle génération de musiciens trentenaires ramène la chanson à sa plus simple expression. Le texte est écrit, il est au cœur du morceau. La mélodie, souvent minimaliste, se déroule par petites touches de guitare acoustique ou de piano. Les noms de scène même des artistes cherchent la simplicité et la familiarité : Camille, Myrtille, Rose, Anaïs… Mais de quoi parle-t-on dans ces chansons ? Du quotidien, de la vie qui file, des petits riens et du minuscule. Les grands thèmes grandiloquents sont écartés pour s’intéresser à ce qui compose la routine : les courses, une soirée pizza, un weekend à la campagne… Cette vague de chanson française a souvent été moquée, critiquée pour son petit côté moi, moi, moi. Ces ambassadeurs s’en défendent, à l’image d’un Vincent Delerm ou d’un Bénabar. À montrer l’infiniment petit, ne parlons nous pas de sujets communs à tous ?
Morceau issu du premier spectacle solo d’Anaïs, The Cheap Show, « Mon cœur mon amour » a valu à la jeune artiste d’être nommée aux Victoires de la musique en 2006. Quel succès ! Cette chanson, un brin rageuse, tourne en ridicule les attitudes ou les tics de langage des couples. Le verbe est plein d’ironie, même si Anaïs l’avoue à demi-mots : ces amoureux bien mièvres l’énervent surtout parce qu’elle aimerait bien être à leur place ! Les paroles sont accompagnées d’une guitare acoustique qui suit les émotions de l’interprète, entre dégoût, autodérision, énervement. Chacun peut se reconnaître dans cette chanson. Anaïs l’a nommée avec pertinence. En effet, c’est statistique, « mon cœur » et « mon amour » sont les surnoms les plus souvent donnés dans un couple !
Ca dégouline d'amour, C'est beau mais c'est insupportable. C'est un pudding bien lourd De mots doux à chaque phrases : "Elle est bonne ta quiche, amour" "Mon cœur, passe moi la salade" Et ça se fait…