Déracinés par l’esclavage, les chemins se croisent et s’unissent pour la musique gnaoua, aussi écrit « gnawa », et le blues américain…
Majid Bekkas, dans Africa Lifestyles, le 4 octobre 2019
Majid Bekkas, surnommé le “magicien des rencontres” est un musicien sans frontière. Guitariste et chanteur il est l’ambassadeur du blues gnaoua. Petit, il grandit au Maroc, dans un quartier populaire de la ville de Salé près de l’océan atlantique. Dans ce quartier, il entend quotidiennement de la musique gnaoua, musique traditionnelle qui est au cœur des rituels mystiques de confréries musulmanes du Sahel. En 1974, il fait la connaissance d’un maâlem (maître) gnaoua qui lui vend un guembri (guitare gnaoua) et l’initie à la musique gnaoua. Majid Bekkas joue dans des groupes traditionnels marocains comme Nass El Guiwane, mais aussi dans des groupes de soul, rythm’n blues, tout en apprenant la guitare classique au conservatoire. Puis son activité s’étend de son Maroc natal à l’Inde, à l’Europe du nord, à l’Afrique. Véritable pont entre les cultures d’Orient et d’Occident, il brasse les genres musicaux avec brio et en vient à créer le blues gnaoua, métissage entre musique traditionnelle africaine et blues. Il reçoit en 2011 le prix Al Farabi de la musique antique délivrée par le Conseil National de la Musique du Maroc et la même année la médaille d’argent de l’Académie des Arts Sciences et Lettre en France.
Musiciens gnaoua à Marrakech au Maroc, par Tim Gerard Barker dans RFI musique
Classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, la musique gnaoua découle de pratiques mystiques rituelles héritées du long processus de l’installation d’esclaves subsahariens au Maghreb. Gnaoua ou gnawa signifie pays des hommes noirs. La musique gnaoua accompagne au son des tambours des soirées rituelles de possession, d’essence thérapeutique, durant lesquelles les participants entrent dans des séquences de transe très impressionnantes. Longtemps réprimée au Maroc, cette musique rituelle a connu une période de tolérance qui a permis la renaissance des traditions. On la retrouve à Essaouira, ville commerciale et portuaire, relai entre l’Afrique et l’Europe et depuis 1998 on la célèbre lors d’un festival qui lui est dédié. La musique gnaoua qu’on rencontre sur scène est différente de celle jouée dans le cadre rituel, elle a perdu sa fonction mystique mais trouvé de nouveaux langages. C’est ce qui fait la modernité du blues gnaoua de Majid Bekkas, tout en gardant la tradition, il parvient à trouver des points communs avec le blues américain et à créer des rencontres harmonieuses.
“African Blues” c’est d’abord la voix profonde et solitaire du bluesman belge Marc Lelangue qui annonce le gnaoua blues : une musique intense qui se joue avec toute son âme et se laisse aller à l’improvisation, cette autre forme de la transe. Cette fusion du blues et de la musique gnaoua fonctionne à merveille : la guitare vague à l’âme délivre ses chapelets de notes électriques sur le tapis régulier que tissent le gembri de Majid Bekkas et les percussions traditionnelles. Guitare et flûte cavala décrivent de jolies arabesques spirituelles et rythmées. Toutes deux sont vites silencieuses quand arrive la voix sensuelle et charismatique de Majid Bekkas. Il réussit à réunir deux expressions musicales qui ont l’Afrique en commun.
The Gnawa Music I’m gonna need my mind This African blues I’m gonna need my soul Source : Youtube Paroliers : Majid Bekkas et Marc…
La musique gnaoua Je vais avoir besoin de mon esprit Ce blues africain Je vais avoir besoin de mon âme Traduction de l'autrice de ce…