40°C à l’ombre, une ville grouillante de vie, et une musique qui ne s’arrête jamais de vous faire danser, bienvenue à Tuléar au cœur du blues malgache, le tsapiky.
Portrait de Damily, 2019 (Crédits photo : Ishida Masataka)
Damily, est un guitariste, compositeur et chanteur originaire du Sud de Madagascar. Damily, nom qui vient de dada qui veut dire enfant et d’Emilson, son second prénom, est né en 1968 dans une famille nombreuse et dispersée. Il grandit seul dans la ville de Tuléar où règnent pauvreté et violence. “C’est la musique qui a sauvé ma vie”, dit-il. Il commence la musique à 20 ans avec son frère Dago : ils forment le groupe Miriorio (“vagabonder”). Nomades, ils jouent dans des fêtes, des mariages et autres cérémonies où Damily se construit une solide réputation. Il apprend la guitare dans les années 1990, en plein essor de la musique électrifiée et du tsapiky, ce genre musical malgache si particulier qui va façonner les 35 années de carrière de Damily. Aujourd’hui, le guitariste a une quinzaine d’albums à son actif et donne des concerts partout dans le monde.
La musique de Damily baigne dans le tsapiky. Ce style musical est le portrait de la ville de Tuléar, au Sud-Ouest de Madagascar : chaleur tropicale, terre rouge, sable, manioc et corps en transe dansant de la nuit noire au soleil tapant. C’est une musique à la fois moderne et traditionnelle : pivot de la vie sociale, elle relève des cérémonies rituelles, mais se pratique aussi dans divers évènements (match de foot, propagande politique, mariage, enterrement…). Elle est sans cesse réinterprétée, et s’est développée dans les brassages culturels. On y trouve guitare électrique, basse batterie mais aussi des luths artisanaux Mandaliny, cithare, accordéon et cuivres. Par ses riffs (répétition de lignes mélodiques rythmées) et les improvisations de la guitare, on y retrouve les codes du blues.
“Malay Nama”, c’est un petit bout du soleil de Tuléar : une guitare chaude douce et légère qui improvise sur la cadence effrénée de la batterie. Impossible de rester assis ! On suit avec attention la voix puissante de la chanteuse Kolody qui ouvre l’album Valimbilo, sorti en 2018. On ne sait pas quand la chanson va s’arrêter, on entre presque en transe et cet état s’explique par les fonctions premières de la musique tsapiky, qui a pour but de soigner le mal, le “Bilo” en jouant longtemps et vite jusqu’à le mettre KO, grâce à l’aide du Valimbilo, cette personne qui accompagne le malade et ici le Valimbilo c’est l’album ! Comme la musique gnaoua, la musique de Damily soigne tous les maux…