Pour notre dernière escale, perdons-nous dans l’océan Pacifique et trouvons refuge sur les îles mystérieuses de la Polynésie. Ici existe un instrument à percussion résultant d’un travail artisanal très fin : c’est le to’ere.
Un to’ere polynésien, via wikiwand.
C’est un tambour traditionnel à fente taillé dans le tronc d’un arbre, le bois de rose ou “miro”, qui pousse en Polynésie depuis des milliers d’années. Le bois creusé fait caisse de résonance, on en joue à l’aide d’une ou deux baguettes en bois aussi, selon le mode de jeu horizontal ou vertical. En fonction de l’endroit et de l’intensité dont on frappe le bois, on obtient un son différent !
Ce tambour est originaire des Îles Cook. Il est présent dans plusieurs îles de l’océan sous des appellations différentes. Dans la culture polynésienne, le to’ere est l’instrument roi de l’orchestre, c’est celui qui guide la mélodie. Ces orchestres accompagnent les danses traditionnelles ! Au temps des missionnaires, le to’ere était utilisé comme une cloche de rassemblement pour appeler les villageois à la prière, ou bien annoncer l’avenue d’un bateau… Selon le chercheur ethnologue Mervyn McLean, le rythme joué était différent en fonction du message. A Tahiti, le to’ere est joué lors du Heiva, une célébration traditionnelle annuelle avec différents concours de danse et de sport.
Vous l’auriez compris, les percussions nous font voyager dans le temps et les cultures du monde ! A partir du moment où un son est produit par une frappe, on parle de percussion. C’est cette idée qui est à la base des percussions corporelles et contemporaines… Le monde des percussions s’étend alors à l’infini et prend des formes les plus inattendues ! Vous n’y croyez pas ? Regardez un peu :
Les Kanak sont un peuple autochtone vivant en Nouvelle-Calédonie, principalement sur sa Grande Terre. Le pilou-pilou est une cérémonie traditionnelle mêlant danses et… musique ! Dans le pilou-pilou, la musique a un rôle essentiel : elle rythme et accompagne la danse. L’origine de l’appellation « pilou-pilou » est mystérieuse : certains pensent qu’il vient du son des tambours entendus de loin qui pourraient être retranscris à l’écrit comme « pelou-pelou-pelou » puis « pilou-pilou »…
Au XIXème et XXème siècle, des ethnologues observent et étudient cet événement, qu’ils appellent « Danse en cercle ». Dans leurs écrits, on en apprend plus sur cette fête ancestrale, qui a pour fonction de faire rencontrer différents clans avec l’échange de divers objets ou vivres. Dans le pilou-pilou, le nombre de participants peut varier de 5 à 6 000 personnes et sa durée jusqu’à 3 semaines… Plusieurs types de danses sont effectuées, en fonction de l’objet du pilou-pilou.
Côté musique, on retrouve des instruments à percussions (ou « idiophones ») et des instruments à vent (« aérophones »). Les instruments sont confectionnés à l’aide d’éléments de la nature : les battoirs d’écorce, le tambour à fente, les bambous frappés, des feuilles frictionnées entre elles. Les vêtements des danseurs, faits de feuilles séchées sont eux-mêmes des instruments, ils produisent des sons lors des mouvements collectifs de danse ! On retrouve aussi des instruments aérophones comme la conque ou des instruments de la famille des bois comme le sifflet de métal ou le hautbois.
Marquer le tempo de ses mains, de ses pieds, sentir la pulsation par le corps : avec les percussions comme le tambour, la musique se joue avec ce qu’il y a de plus intuitif. Le tambour a fait son apparition en 6000 avant JC, marquant le passage du temps, celui des célébrations et donnant lieu à de nombreuses variations. Cet instrument à percussion est constitué d’un fût sur lequel sont tendues une ou deux peaux, frappées à l’aide des doigts ou des baguettes. Par la vibration crée lorsque l’on tape sur la peau, un son est créé grâce à la caisse de résonance. Et quelle résonance ! Le tambour se suffit à lui tout seul, qu’il s’agisse d’une derbouka, d’une caisse claire ou d’un bongo (tambours de Cuba) ! La puissance du tambour que l’on entend d’un bout à l’autre de la rue le rend très solennel, il est par ailleurs utilisé dans de nombreux rites religieux, notamment en Asie centrale. En Europe, au Moyen Age, on sonnait le tambour pour annoncer la nouvelle du jour, accompagné parfois de l’expression bien populaire « Oyez, oyez, bonnes gens » - mais c’est dans un cadre militaire que les tambours ont eu leur heure de gloire. Transmettre les ordres d’un coin à l’autre d’une horde militaire devient un jeu d’enfant lorsque l’on a des caisses claires ! Aujourd’hui, les tambours jouent encore un rôle déterminant pour rythmer les évènements importants, faire danser et donner aux enfants le goût de la musique.