Fondés en 1983, les “Bérus” seront le fer de lance du mouvement rock alternatif, rétif à toute concession ua business musical. Rejetons de la première scène punk française, ils sauront pourtant rassembler un public plus large qui se retrouve derrière leurs chansons énergiques, libertaires, défendant les droits de l’Homme et résolument anti Front National. Le groupe se saborde enfin pour éviter tout risque de “récupération”.
Bérurier noir
Salut à toi Ô mon frère Salut à toi peuple khmer Salut à toi l'Algérien Salut à toi le Tunisien Salut à toi Bangladesh Salut à toi peuple grec Salut à toi petit Indien Salut à toi punk…
Informatique, cyberculture et numérisation commencent à exercer leur digitale tyrannie. Les jeunes gens modernes sont « branchés », fascinés par la musique électronique et la mode futuriste. L’arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981 donne de l’espoir : autorisation des radios libres, abolition de la peine de mort et cinquième semaine de congés payés. Mais l’euphorie est de courte durée ! Identifié en 1983 le virus du Sida a transformé pour longtemps les rapports amoureux, les famines terrassent l’Afrique, Tchernobyl crache son nuage radioactif : quel monde ! Durant cette période noire, le rock alternatif émerge, aventureux et autogéré, ce sont les enfants insoumis du pessimisme ambiant.
Cette superbe énumération rend hommage aux rebelles de tous pays, aux marginaux, aux gens différents et invente une mondialisation à visage humain. Elle sonne alors comme un hymne dans une France rongée par le chômage et le Front National. A l’image de leurs auteurs, les mots sont débraillés, provocateurs et d’une immense sincérité.
Boîte à rythme saturée, fracas des guitares, éructation du chanteur et saxophone hurleur sont les ingrédients d’une mixture sonore habitée par l’esprit du punk et redoutablement efficace. L’accompagnement épuré et écorché se veut minimaliste car seule compte l’énergie rageuse du message, exaltée jusqu’à la transe !